« Jour 1, vendredi : 14h15, c’est parti (C’est Gilles B. qui le dit, lorsque nous nous retrouvons…) pour l'incontournable festival de Rock en Seine sur la pelouse de St Cloud. Pour ceux qui vivent la musique avec passion, pour ceux pour qui la soirée idéale consiste à assister à des concerts, ou au moins à consacrer une grande partie de leur vie à ce grand art, le compte rendu que vous allez lire est sans grande nouveauté. Il vaut mieux le préciser : on parlera de sensations, de ce qu’on a vu, d’émotions, du vécu,... de tellement de choses qui ne peuvent être transmises par un support papier, réel ou virtuel. Aucune plume, même la plus raffinée, ne pourrait décrire la magie qui se produit parfois lorsque l’on assiste à un concert, amplifiée par la magie du lieu, par l'atmosphère en général, et par le nombre d’artistes. Il y a en fait des concerts mineurs, des bons, des superbes et d'autres... eh bien, peut-être tous simplement magiques.
Ma huitième édition de Rock en Seine ! C'est le premier des trois jours de ce week-end et de ce festival, qu’on attendait depuis des mois : on se réveille le matin, et on sait que demain et après-demain, on va se sentir beaucoup plus fatigués, à la même heure de la journée, mais on a un désir incontrôlable de se plonger dans le tourbillon offert par les différentes scènes. Avec cette huitième année de vie, Rock en Seine a attient encore une fois le sold-out (105.000 festivaliers) : une grande satisfaction pour les organisateurs… Et cela aura certainement une influence sur le taux d'épuisement des billets dans les éditions futures. Sac à dos prêt avec toute la tenue de combat et anti pluie (sans lunettes de soleil), on part en voiture, avec la musique à plein volume (le dernier !!! aka Chk Chk Chk, « Strange Weather, Isn’t It ? »), direction le parking du festival, en plein parc, à l’ombre des arbres. Première constatation : il y a du monde, on prend donc une décision pour demain... on partira 1 heure plus tôt. On arrive aussitôt au contrôle des billets (application d’un bracelet au poignet…), et on rentre en toute tranquillité dans l’enceinte du Festival.
En descendant la petite colline, pas après pas, la figure imposante de la Grande Scène commence à apparaître, en commençant par son toit, jusqu'à ce que je puisse en contempler l’ensemble. Je m'arrête pour observer ce monument de la musique, cette structure temporaire qui recevra les groupes qui mettront le feu à ces trois jours de festivité. C'est vraiment impressionnant, ça vous coupe presque le souffle : ça inspire la crainte de loin… et de près encore plus (compte tenu des milliers de gens qui seront derrière mon dos). Je traverse la pelouse, un peu humide de la récente pluie, sous un ciel tout gris, et je me dirige vers la barrière, en plein centre... Ce sera ma place pour les trois jours, juste en face de ce temple. En face de cette scène à quelques centaines de mètres, c'est la Scène de la Cascade, vers laquelle Gilles B. se dirige. Avec tout le respect dû aux groupes qui s’y succéderont, j'ai décidé que je ne passerais pas même une minute, en face à cette deuxième scène (avec le regret de pas voir BRMC). A chacun son camp, pour moi c’est la Grande Scène, car cet autel est comme un aimant, et sa programmation me convient : elle se marie parfaitement à mes goûts, et cette année il n’y a pas de groupes « à problèmes ». La troisième scène, celle de l’Industrie, à gauche de la Cascade (à 600 mètres), ne m'intéresse pas du tout, malgré quelques petits groupes prometteurs. Après la visite préliminaire et avoir choisi ma place, je fais une promenade autour du parc pour rencontrer des amis et choisir mon lieu de restauration.
15h00 : la scène s’anime, et le premier groupe de la journée fait son apparition, sous les cris des ados. Il s’agit de la jeune révélation All Time Low, qui a l’honneur de porter le drapeau des nouvelles vibrations pop-punk rock américain (4ème place dans le classement Billboard). Quatre beaux mecs, ce qui fait que beaucoup de jeunes filles se sont ruées vers les premiers rangs, et leurs visages donnent la même impression que leurs chansons : de la fraîcheur, de la joie et de l'insouciance. « What's up you sexy fuckers ! », crie Alexander William, le chanteur du groupe avant d’entamer la chanson d’ouverture Damned If I Do Ya. Leur dernier album “Nothing Personal” n’a absolument rien de nouveau, mais offre une écoute agréable : idéalement, leur musique devrait être dans la tradition du punk-rock pour ados, sans prétention, une tradition habilement commencée par Bad Religion et par Green Day, et poursuivie par des groupes comme Blink 182 (dont à l'origine «All Time Low» étaient un Tribute Band), Sum 41 et Good Charlotte. Non seulement les arrangements, ou les riffs de guitare, sont riches en accords insistants, rappelant les groupes énumérés ci-dessus, mais aussi les textes abordent les thèmes habituels chers aux jeunes, tous plongés dans un contexte propice à faire la fête dans l’esprit de la décadence punk. Que puis-je dire ? Une demi heure de pop rock à l’état pur, chargée de bonne humeur, d’une énergie décontractée, sans beaucoup d'inspiration, sans prétention, mais agréable pour faire passer le temps, et qui se termine sur la chanson Dear Maria, Count Me In. Des mots souvent repris en chœur par les fans. Peut-être que j’imagine et que j'écris une telle critique seulement parce que « I'm over getting older », comme ils chantent dans leur single Weightless. Est-il encore possible que des groupes n’apparaissent que pour le fun, et obtiennent un succès mondial ? La postérité le dira. Au niveau musical, de la part d’un groupe de « jeunes pour les jeunes », on ne peut pas s’attendre à grand-chose, mais c’est mieux de grandir avec de telles musiques… et puis ensuite d’aller chercher mieux. Et le temps ? Une petite averse de pluie a marqué le set, et m’a obligé d'ouvrir mon sac à dos pour y chercher mon matériel.
16h55 : les premières vagues de festivaliers commencent à arriver en masse et à se regrouper face à la scène. C’est le tour de Kele (dont c’est le premier concert en France), accompagné d’un batteur et d’une jeune femme aux claviers. Il est en tenue estivale : chemise XL pleine de couleurs, pantalons courts et baskets. Son charisme est évident. Plusieurs rumeurs ont couru avant et après la publication de « The Boxer », premier album en solo de Kele Okereke, mieux connu comme leader du Bloc Party : certains critiques ont dit que c’était la fin du groupe de Londres, une nouvelle démentie par la suite, puisqu’il s’agirait seulement d’une mise en sommeil. On verra... Après une première écoute (impossible d’y résister !) de l’opus, je peux dire que la vérité, comme d'habitude, se situe quelque part entre les deux déclarations. Il faut d'abord dire que, après les dernières publications de Bloc Party, il était clair qu'un changement était dans l'air, et que les premiers sons post-punk indie (Le morceau Banquet est bien loin) étaient de plus en plus abandonnés au profit d’une évolution musicale vers un son électro plus lourd. Et il y avait de Kele derrière tout cela, c’était assez clair. Voici donc la pause du groupe, et pas de surprise, une continuation évidente en forme de Side Project : un premier album, mais qui ne marque pas une rupture complète avec le passé, comme il semblait l’annoncer… Kele est maintenant heureux. On le voit tout de suite, dés son morceau d’ouverture Wak Tall, à l’image des synthétiseurs et des caisses qui pulsent, tandis que dans la voix on retrouve les mêmes trames lyriques auquel nous étions habitués à l'époque de Bloc Party. Kele chante avec un sourire, danse, a une présence très physique, et fait semblant de boxer. Il a maintenant un groupe de "nouveaux musiciens" et de nouvelles chansons, sans la pression des médias et sans être contraint par la sangle d'une manche de guitare. Avec On The Other Side, Kele prend la guitare et les rythmiques commencent à offrir un contraste intéressant avec le tempo de la musique, sur laquelle est greffée une mélodie synthétique. Elégance, qui trouve un terrain fertile dans la belle Everything You Wanted, dominée par un son de piano. Et la voix ? Si on ferme les yeux, c’est celle de Bloc Party, avec les mêmes intonations. Le reste consiste en des sons synthétiques, dans un mélange de sonorités « world », sur des nouvelles chansons qui se dansent facilement sur seulement quelques riffs de quatre notes. Le point le plus bas du concert, parce qu’on n’en sentait pas le besoin, est un megamix de reprises de Bloc Party (Blue Light, The Prayer et One More Chance attachés ensemble), qui ne fait que faire naître une tristesse indescriptible chez les vrais fans de ce groupe. Kele est maintenant beaucoup plus à l'aise avec des chansons comme Tenderoni, son single, il se montre plus convaincu et convaincant… même si le morceau semble être un remix du style « Intimacy ». Sa basse lourde fait basculer les fans dans une frénésie hors norme. Le set de 30 minutes se termine avec Flux, mis en œuvre dans son intégralité. C’est le signe d'un artiste pas pleinement convaincu de son œuvre solo, qui choisit de boucler son set avec une autre reprise de Bloc Party, plutôt que par une chanson de « The Boxer ». Un concert en deux moitiés, mais il est beaucoup trop tôt pour regarder en arrière... un bon show, mais qui aurait pu être meilleur.
18h26 : si nous partons du concept que le temps ne peut pas être arrêté, mais que parfois oublier le présent pour faire une plongée dans le passé est rafraîchissant, les réformations de groupes prennent une signification plus honnête. Cela dit, je comprends pourquoi dix ans après sa séparation (album « Post Orgasmic Chill ») Skunk Anansie est de retour : c’est pour l’argent et pour les feux des projecteurs… car je ne crois pas aux motifs artistiques ! La publicité d'un « Greatest Hits » (avec trois inédits), vite préparé et vite publié, donne un ordre idée de la setlist du concert. Skunk Anansie est là pour donner au public exactement ce qu’il attend et espère : ce soir le public est prêt à faire un plongeon dans le passé… Le concert commence par une intro spectaculaire, sur les notes d’une Yes, It’s Fucking Political, en version Drum’n'Bass. Deborah Dyer, alias Skin, la panthère noire, la chanteuse au crâne rasé, arrive sur scène habillée de noir, avec une tunique aux ailes argentées couvrant ses bras, et en baskets blanches... Et sur les premières notes de musique, elle commence à s’agiter et pousser ses cris. Après cette brève introduction, la chanteuse découvre un look élégant avec un costume noir et légèrement transparent, et le groupe ouvre avec Selling Jesus, extrait de leur premier album « Paranoid & Sunburnt » (on commence par le commencement) : l’impact physique est désarmant et on se rend compte qu’ils sont en grande forme. Skin est impeccable et attire tous les yeux du public. Je ne veux pas savoir comment elle fait pour cacher ses 43 ans en courant et sautant partout avec une telle énergie pendant toute la durée du morceau. Voir Skunk Anansie aujourd'hui, ou se replonger comme moi dans ses souvenirs du 9 Octobre 1995 à l’Olympia, c’est exactement la même chose. Cass, le bassiste et autre personnage du groupe, qui a 50 ans, n’a pas perdu un seul de ses dreadlocks. Abandonnée la tunique, arrive le premier grand succès Charlie Big Potato, qui remet les choses à leur place dans une exécution impeccable. Le riff de Ace, qui porte toujours son chapeau, est puissant… et créé surement pour tester le public... Public qui réagit en criant... Oui, c’est de la nostalgie, ce sont les souvenirs d’un temps révolu… mais quand on réussit encore à faire sauter des milliers de personnes, cela signifie que la formule fonctionne toujours.
Les morceaux s'enchaînent, l’inédit Because Of You, avec un pied de micro qui voltige dangereusement, Charity, 100 Ways To Be A Good Girl, pour le plaisir de tous, avec la même puissance qu’en 1995… tous es morceaux font que le public s’émotionne. La voix puissante de Skin, capable de basculer rapidement de sonorités lentes et sensuelles vers certains aigus précis et inaccessibles, se mélange avec l’émeute électrique provoquée par Cass à la basse, par Ace à la guitare, et par l’étonnante énergie rythmique de Mark à la batterie. Le public est en plein délire, et chaque « nouveau » morceau est salué par des applaudissements, des acclamations et des cris. Les musiciens suivent la chanteuse, car c’est elle la vedette : tous donnent leur maximum comme s’ils étaient en train de rattraper toutes ces années et ces concerts perdus. Skin est incontrôlable, elle ne laisse pas un centimètre carré de la scène inexploré, elle tourne, avance, saute, court de droite à gauche. Elle se rend plus séduisante et effrontée, pour annoncer I Can Dream, et avec un regard diabolique affirmer cruellement « The next song is all about fucking ! ». C’est une bête affamée et féroce, mais elle sait aussi émouvoir avec les très attendues Hedonism et Secretly. Vient le moment de Weak, et c’est l'apothéose : Skin fait son plongeon dans la foule, elle marche sur le public pendant qu’elle chante, elle tombe et entame un Crownd Surfing... mais elle continue de chanter en position horizontale, pendant que les fans, se la passant de mains en mains, la poussent vers la scène. Mark, le batteur, enlève son t-shirt et frappe plus fort ses caisses, tandis que Cass et Ace ne manquent pas une note. Tout est parfait, on passe par Twisted, Cheap Honesty, entre les sauts de Skin et les cris du public. Ace poursuit ses enfilades des notes et ses riffs, courbé sur sa guitare, et Skin, les yeux toujours irrésistiblement grands et son corps à fuselage étroit moulé dans son habit tient tous les festivaliers présents dans son poing fermé. On My Hotel TV, la nouvelle Tear The Place, pour finir avec The Skank Heads de l’album « Post Orgasmic Chill »... Restent les derniers moments à ne pas manquer, lorsque Skin termine son spectacle furibond par un saut entre la batterie et les amplis, et renouvelle la promesse d’un prochain show...
Et puis ils s'en vont, après nous avoir donnés 49 minutes de bonheur nostalgique, et nous avoir prouvé que leur marque de fabrique n’a pas jauni avec le temps. Pas le temps pour un rappel, car dès qu’un groupe termine son show minuté, on doit évacuer rapidement le tout et permettre à l’artiste suivant de se préparer. Skunk Anansie a montré toute sa charge explosive de bête de scène, ne laissant rien en suspens, même si les anciens fans peuvent avoir ressenti l’absence de certains morceaux. Difficile de faire mieux... des riffs de guitare torride, des refrains faciles qu’on prend en plein visage, et des courses effrénés à travers les mélodies. Puis il y a Skin : provocante, audacieuse, écrasante, chauve... sa peau noire et sa beauté… Restera ce souvenir qui s’imprime dans ma mémoire : une panthère noire qui saute à travers la scène, et marche sur une foule qui la soulève dans l’air. Peu importe si ce retour à été déclenché suite à une étude de marché, la recette de ce heavy metal plein de rage féministe est délicieuse : des milliers de gens affamés sont prêts à en manger à bras ouverts. Un concert magnifique... et on n’a même pas senti la pluie qui tranquillement tombait.
20h00 : Who gave a shit ? Les fans de Hip-hop West Coast en rêvaient : Cypress Hill sur la grande scène. Un des groupes de hip hop les plus en vue des deux dernières décennies, un précurseur du Crossover, aussi haut à l’affiche de la journée ! L'attente pour ce concert acquis d’avance, on pouvait la sentir dans l'air. Le vent se lève, des nuages noirs se rapprochent et laminent nos espoirs de beau temps : un rideau de pluie fine tombe sur nos têtes. La foule, derrière moi, est vraiment impressionnante, entre les aficionados du groupe qui sont impatients et les autres (tous âges et tatouages confondus) qui incrustent pour les headliners. On commence à manquer de place pour bouger, et il faut s’accrocher à la barrière. Qui d’autre mieux que ce groupe peut prétendre à un statut à part dans le Hip-hop? Anomalous, telle est leur vraie catégorie. Ils appartiennent à la première génération des groupes hip-hop des années 90s, pour être précis ceux qui viennent du ghetto, ils sont blancs (trois sur quatre) du quartier « chaud » de South Gate dans le South Central de Los Angeles. Ils sont hispano-américains, affichent vingt ans de carrière et huit albums solides pleins de titres essentiels. Musicalement, ils ont été de toutes les expériences de fusion entre rock, reggae, latino, et... ils sont très appréciés par un public hétérogène, musicalement exigeant et ouvert d'esprit, comprenant de plus en plus de rockers. La bruine légère commence se faire sentir, et je vais remettre rapidement mon k-way rouge et mon chapeau noir. Est-ce bien encore l’été ?
La scène commence à s’animer et le public hurle... l’Américain DJ Julio G (et non pas Muggs), derrière ses platines, à gauche et le Portoricain-Américain Eric Bobo (ancien de The Beastie Boys, pour l’anecdote) à la batterie et aux percussions, à droite, plantent le décor. La légende californienne débarque de nouveau à Paris, la machine fait chauffer ses moteurs et la musique commence... le show débute sans projecteurs car il fait encore jour. Le nonchalant rappeur mexicain B-Real, casquette et jeans, bouc avec moustache, arrive micro à la main : « Who wants the wrath, it must be the hood, who's up to no good, and wishes a man would, come up and give him a reason to blast on... »… avec le remuant Get ’em up, extrait du dernier album « Rise Up ». Il bouge, il danse et invite tout le monde à le suivre en chantant : « Shoot 'em up, just shoot 'em up y'all, yeah » pendant qu’arrive le cubain Sen Dog pour le seconder. Dommage qu’il manque un guitariste, mais le reste y est : des échantillons Funky (filtrés par DJ Muggs), deux MC's avec deux voix très différentes (celle nasillarde de B-Real et celle plus normale de Sen Dog) et la grosse frappe de Eric (aujourd’hui, c’est son anniversaire). Avec un drumming varié et bien cadencé, avec les lignes de basse qui l’accompagnent, le groupe crée un contraste réussi avec la voix stridente de la grand B – Real : Get 'Em Up, c’est une de ces chanson qu’on vit en dansant et en criant son refrain « Shoot 'em up, just shoot 'em up ». Il semble que ce message soit passé, car le public semble pris au jeu... toutes les mains sont en l’air. On poursuit la montée en puissance avec Hand on the Pump, du premier album, puis When The Shit Goes Down et How I Could Just Kill a Man, surgies d’un « Black Sunday » aujourd'hui incontournable. On est ravis. Un joli déhanchement chaloupé à souhait pendant que les deux rappers débitent leurs mots à toute vitesse. Une prestation bien musclée, et un éclectisme dans des tonalités plus rock et assez dures. Le refrain est passé à « Jump ! Jump ! Jump ! » et l'inclusion d'échantillons de sons électroniques acides, sortant d’instruments invisibles, donnent une touche d'originalité et de personnalité à la musique. B-Real, à l'arrière-plan, frappe sur les percussions, pendant un court moment du show, pendant Sen Dog crache dans son territoire privilègié les vers latinos de Latin Thugs et de Armada Latina, le dernier single en faveur d’une Cuba libre et démocratique. La phrase « Cuba libre ! » est scandée et répétée. Bien sûr, l’ovation sera grande. Suit le tube de 1993, Insane in the Brain, l’un de leurs plus grands succès (que j’adore) qui met le feu et marque le premier grand moment du show, avec la foule qui crie les paroles.
Ensuite arrive le moment classique de provocation et de plaisir, devant une foule en délire qui reprend les refrains par cœur tout en sautant et dansant... B-Real, avec un sourire malicieux et un regard moqueur, s'allume un gros joint de marijuana, avant de poursuivre sur I want to get high, Hits from the Bong, Dr Greenthumb et le récent K.U.S.H, un morceau saisissant, à la grande joie du public. Le show est parfaitement maîtrisé et avance à grande vitesse. Une petite pause, bien méritée, de nos MC’s qui ne sont pas tout jeunes, et pendant que la place est vide, Julio G et Eric Bobo se lancent dans une courte démonstration de scratch et de freestyle aux percussions : de la folie pure ! Pas le temps de faire nous aussi une pause, car B-Real revient, déchaîné « I used to carry a glock, On the waist line, Man I don't waste time... », l’une des mes chansons préférées du dernier album, l’accrocheur It ain't nothing. Un petit break de batterie bien lourd, une distorsion de platine parfaitement orchestrée qui frôle l’obsession. Simple, oui, mais génial... Très rapidement, l’envie de headbanger prend le dessus, et tout le monde crie le refrain « Git it, You gotta get your straps up. Git it, You gotta get your stash up... ». L’ébullition continue, en apothéose, avec Lick a shot et un intense Stoned Is The Way of the Walk, datant toujours de 1991.
La nuit tombe sur le parc et la fraîcheur arrive en même temps, accompagnée de vent, mais la déferlante de tubes continue. Rise up, sorti des platines sans les grands coups de guitare dévastatrice de Tom Morello, harcèle le public en lui donnant de bons coups de fouet, bien chauffé par nos MCs. La foule est en pleine effervescence, et B-Real a la nette intention de l’achever avec un terrible Rock Superstar, encore un tube. La folie envahit le parc, mais malgré la chorale « So you wanna be a rock superstar? » le moment s’approche d’une fin imposée par les impératifs de la production, une fin qui sera une explosion de plaisir. 1h11, et en prime un gros joint et un slam de Sen Dog. Peu de morceaux rock et beaucoup des tubes manquant à l’appel, mais si quelqu'un me dit de lever les mains en l'air une fois de plus, je vais le faire. Je le pense vraiment. J’avais déjà vu Cypress Hill au Zénith le 8 mai 2002 et le 19 juin 2003 au POPB de Paris (en première partie de Eminem) mais j’avais été dans l’impossibilité d’assister à leur show de la Cigale il y a quelque mois, le 9 juin, à cause d’un autre concert le même soir (Mark Knopfler). Ce soir c’était géant, malgré une longue absence... de vraies bêtes de scène. Un Jump Jump Jump et des pogos sous quelques gouttes de pluie enfumée ! On s’en souviendra, car sur nos vestes il y a encore l’odeur de ce parfum Hip-hop de la West Coast.
22h00 : What's My Age Again? Blink 182 blast back! C'est l'heure de ressortir ses t-shirts et ses casquettes. Sept ans ont passé depuis que le trio de San Diego, avec son pop-punk, a sorti son cinquième album - sans titre (ou, comme certains disent, éponyme) - et un peu moins de cinq depuis le concert au POPB de Paris le 10 décembre 2004. Il y a eu une séparation (pour divergences musicales) en plein succès (20 millions d’albums vendus) et la création de trois nouveaux groupes (Angels and Airwaves, Transplants et +44) qui n’ont pas laissé un grand souvenir, et qui sont loin d’avoir donné des chefs-d’œuvre. Enfin, en 2009, ils se sont reformés. La version officielle est donc « problèmes économiques » ! Sans album, mais avec leur “Best-of “ (en définitive, ce recueil est vraiment nécessaire pour les fans de longue date, qui trouveront excellents les deux inédits et qui ne peuvent pas oublier dans leur collection un album du trio, mais aussi pour ceux qui connaissent seulement les trois ou quatre chansons les plus célèbres), les voilà maintenant qui remplissent les stades et les festivals. Incroyable ! L'affection démontrée par les fans de la bande envers ces Californiens n'a jamais été démentie, même s’il y a eu ce long silence et cette tentative, appréciée, d'améliorer et d'élargir leurs horizons. L'anxiété des ados divisés entre leur passion envers ce groupe et l’amour de Green Day, augmente au fur et à mesure que les minutes passent, mais enfin c’est le grand moment ! Plus de 30.000 personnes sont compressées comme des sardines face à la Grande Scène (marcher pour retrouver des amis ou même avancer : c’est une mission impossible) pour pouvoir voir le groupe et écouter ces chansons de leur jeunesse qui sont encore jouées régulièrement sur les stations de radio. Inutile de dire que l'espace devient réduit. Le public est bon enfant, jeune, et le succès du groupe est garanti d’avance.
Le grand rideau noir qui couvre toute la scène tombe dans un véritable délire collectif, et déjà les gens se préparent à sauter. Un minimum de décor, plein de jeux de lumières (on se croirait en plein jour), et voici le trio mythique qui entre en scène dans l'enthousiasme général. Un jeune, la casquette à l’envers, le dos nu et une multitude de tatouages en évidence, court vers la batterie, placée au centre... les ados crient... c’est Travis (34 ans). Il se met immédiatement à battre, avec ses baguettes, la mesure sur les premières notes de la chanson Dumpweed, l’un des plus gros titres et classiques de tous les temps, repris de l'album « Enema Of The State ». Puis voici Mark (38 ans) armé d’une Fender Jazz Bass blanche portant le dessin d’une pieuvre noire, à gauche qui la fait ronfler. Sans oublier, à droite, Tom (35 ans) et sa Gibson Les Paul noire. Tout le monde y est, pas de musiciens additionnels (un guitariste planqué ?)... Tom démarre avec ces mots : « It's understood, I said it many ways, Too scared to run, I'm too scared to stay, I said I'd leave... » L’énergie et l’enthousiasme transparaissent sur son visage. Il chante bien et son riff de guitare, peu puissant, est tellement simple qu’il en devient magistral. Une jeune fille, à côté de moi, crie : « Tom you are my god! »… Elle aurait tant voulu que lui puisse l’entendre... désespoir, larmes presque ! La musique du groupe a bien évidemment été conservée, ainsi que le sens de l'humour, et pour les ados, ces chansons demeurent aussi nourrissantes que de la barbe à papa. Il était clair dès le début que Blink-182 est en grande forme et heureux de pouvoir jouer devant cette foule immense... Mark saute et ressaute, de haut en bas, court autour de la scène comme un enfant en pleine surdose de chocolat, pendant que Tom chante, fait des grimaces et lance des blagues d’un goût douteux… Mais c’est Travis (après avoir failli être tué dans un accident d'avion) qui a la vedette, en apportent un style unique à son jeu de batterie, un style qui a permis au groupe de se démarquer par rapport à un déluge de groupes similaires, qui ont explosés sur les ondes au début de la décennie. Le spectacle est rapide, décontracté et amusant, dans une ambiance hallucinante, hypnotisée par cette musique punk. Impossible de ne pas bouger, on est pris au jeu, et certains montent sur les épaules des amis et plongent pour se laisser emporter telle une épave jusqu’aux barrières. Un véritable bain de foule qui donne du travail à la sécurité. Le son est très propre, ce qui est la preuve d'une confiance croissante des musiciens dans leur capacité à manipuler les guitares et créer des tapis musicaux plus adaptés… même si j’aurais aimé sentir une guitare plus tranchante ! Mais ne soyons pas trop exigent pour un plein air. Comme d'habitude, le chant alterne entre Tom et Mark pendant tout le show.
Un « Merci Pariis », et les titres s'enchaînent, Feeling This fait remonter la pression, suivi de The Rock Show, What's My Age Again?, Violence... la transpiration est de rigueur. Blink n'a pas perdu sa capacité à capter l'énergie frénétique de la jeunesse. Le public chante ensemble, saute, se réjouit, fait la fête, malgré les voix qui semblent parfois beaucoup trop faibles et la guitare de Tom qui paraît manquer quelques coups de feu… Mais déjà là on reconnaît le talent phénoménal du batteur Travis, qui, la tête souvent en arrière et les yeux fermés, tient ses performances et frappe comme un forcené, aussi fort qu'il le peut. Avec I Miss You (Qui n’a pas fredonné cette chanson en 2003 ?), arrive le moment romantique et la tendresse : le public s’émeut dès le départ, tous chantent en chœur chaque mot dans une intense et rare communion... Et le chevauchement entre les voix de Mark et Tom produit le bon effet. Les esprits semblent s’apaiser avec cette mélodie qui berce, mais l’impression est de courte durée. Une petite pause avant que la frénésie, les bras levés vers le ciel et les plongeons reprennent avec la chanson Stay Together For The Kids… qui est suivie d’une autre série de morceaux dont First Date, Don't Leave Me et All The Small Things. Tom et Mark sont de plus en plus décontractés, ils s’amusent et plaisantent avec le public en lançant quelques mots en français, hors de tout contexte, entre les morceaux : « Je vais à la plage avec mes stylos... Chateaubriand... Bordeaux... Le Beaujolais nouveau... Vagin », faisant ainsi rire le public. Avant Reckless Abandon, Mark fait la blague de l’annoncer comme « la dernière chanson… », puis il corrige en disant « deux encore ». Josie, et pour finir Anthem Part 2 permet aux Californiens de retourner dans les loges. Nouveau rideau, qui recouvre la scène sous une énorme ovation… Des centaines de cris à répétition « Blink, Blink, Blink ».
Quelques minutes après, le rideau tombe pour la dernière fois... ce retour sur scène est une grande surprise : c'est Travis et son spectaculaire solo à vous faire vibrer les tympans. C’est un grand moment de la soirée : il se lève sur une plate-forme qui ressemble à celle utilisée par Muse au POPB de Paris, mais qui a vraiment quelque chose de plus : le batteur tourne sur lui-même pendant qu'il frappe – heureux - avec ses baguettes et tient le rythme sur la grosse caisse, initialement incliné à 45° et enfin dans un moment très rythmé qui plaît à la foule, continue à jouer même la tête à l'envers dans un vrai 360°. Un solo de batterie qui dure cinq minutes et permet à Travis, sanglé sur son siège, de prouver qu’il est l'un des plus grands et le plus créatifs batteurs du Rock. Il était seul sur scène à nous interpréter un mix de chansons populaires. On reprend le rappel en forme de montée d'adrénaline avec Carousel, et Dammit avec son refrain d’enfer « Well I guess this is growing up » pour terminer sur la courte Family Reunion. Un salut magistral et ils s’en vont, le concert est bien terminé.
Le temps accordé par la direction du Festival a été bien respecté : 1h22. Un set carré, avec un enchaînement de tubes dans un show à l'américaine. Un final grandiose qui a fait imploser la foule, qui connaissait tous les titres. Les jeux de lumière sur scène, en passant par les images en fond, les vidéos et tout ce qui fait la chorégraphie, ne suffisent pas pour faire un concert mémorable, mais avec la musique tout peut changer : un bon concert à la Blink, qui s’est détaché réellement des autres précédents.
Une chose est sûre : on n’était pas à ce concert pour la musique, car Mark et Tom ne sont pas de grands musiciens. Comme tout amoureux de cet art vous le dira, ce sont les souvenirs qui nous auront fait vibrer, en écoutant les chansons. On pouvait penser que le trio aurait peut-être perdu sa capacité à jouer la comédie (dans le style du film « American Pie ») sur ses propres performances, et d’agiter la foule. Au contraire, ils ont atteint ce but sans pour autant devenir adultes. Contre tout et contre tous, avec l'air de rebelles qui doivent s'opposer au système sans trop offenser quiconque, Blink 182 a réussi son retour (60 dates dans le monde) de manière aisée (un principe déjà testé avec succès par Green Day avant eux) : porter le punk aux oreilles du grand public, malgré leur âge, et en démontrant au monde qu’on ne vit pas seulement de Hip-hop. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter un retour des trois le plus tôt possible, avec un bon album sous le bras… Et comme Mark le recommande « Essayez de ne pas vous déshabiller, du moins pas en public ! ». « What's My Age Again? » Et la question reste d'actualité… Une chose est claire, ils sont de retour et ils ne nous déçoivent pas, car ils n’ont pas grandi ! C’est du fun et les ados aiment ça !
Je sors du festival fatigué d’être resté debout toute la journée, avec la musique dans les oreilles (un dernier morceau électronique de Underword, qui termine sur la Scène de la Cascade), dans une queue infinie qui progresse doucement vers la sortie du parc. La nuit montre désormais dans sa splendeur. Je pense, en marchant, à celui qui a réussit à construire cette programmation 2010 avec autant de noms, et donc à faire vivre à autant de personnes une soirée à l’enseigne de la bonne musique et de l'authenticité qui devrait toujours caractériser le rock... Oui, celui-là ne mérite que des compliments. Rock en Seine 2010, et ce n’est que le premier jour ! Demain, il y a la suite... et Gilles B. exulte déjà… mais l’été pourri continue. Il faudra prier pour la météo de demain.
Say it ain't so, I will not go,
turn the lights off, carry me home
Na, na... »
Ma huitième édition de Rock en Seine ! C'est le premier des trois jours de ce week-end et de ce festival, qu’on attendait depuis des mois : on se réveille le matin, et on sait que demain et après-demain, on va se sentir beaucoup plus fatigués, à la même heure de la journée, mais on a un désir incontrôlable de se plonger dans le tourbillon offert par les différentes scènes. Avec cette huitième année de vie, Rock en Seine a attient encore une fois le sold-out (105.000 festivaliers) : une grande satisfaction pour les organisateurs… Et cela aura certainement une influence sur le taux d'épuisement des billets dans les éditions futures. Sac à dos prêt avec toute la tenue de combat et anti pluie (sans lunettes de soleil), on part en voiture, avec la musique à plein volume (le dernier !!! aka Chk Chk Chk, « Strange Weather, Isn’t It ? »), direction le parking du festival, en plein parc, à l’ombre des arbres. Première constatation : il y a du monde, on prend donc une décision pour demain... on partira 1 heure plus tôt. On arrive aussitôt au contrôle des billets (application d’un bracelet au poignet…), et on rentre en toute tranquillité dans l’enceinte du Festival.
En descendant la petite colline, pas après pas, la figure imposante de la Grande Scène commence à apparaître, en commençant par son toit, jusqu'à ce que je puisse en contempler l’ensemble. Je m'arrête pour observer ce monument de la musique, cette structure temporaire qui recevra les groupes qui mettront le feu à ces trois jours de festivité. C'est vraiment impressionnant, ça vous coupe presque le souffle : ça inspire la crainte de loin… et de près encore plus (compte tenu des milliers de gens qui seront derrière mon dos). Je traverse la pelouse, un peu humide de la récente pluie, sous un ciel tout gris, et je me dirige vers la barrière, en plein centre... Ce sera ma place pour les trois jours, juste en face de ce temple. En face de cette scène à quelques centaines de mètres, c'est la Scène de la Cascade, vers laquelle Gilles B. se dirige. Avec tout le respect dû aux groupes qui s’y succéderont, j'ai décidé que je ne passerais pas même une minute, en face à cette deuxième scène (avec le regret de pas voir BRMC). A chacun son camp, pour moi c’est la Grande Scène, car cet autel est comme un aimant, et sa programmation me convient : elle se marie parfaitement à mes goûts, et cette année il n’y a pas de groupes « à problèmes ». La troisième scène, celle de l’Industrie, à gauche de la Cascade (à 600 mètres), ne m'intéresse pas du tout, malgré quelques petits groupes prometteurs. Après la visite préliminaire et avoir choisi ma place, je fais une promenade autour du parc pour rencontrer des amis et choisir mon lieu de restauration.
15h00 : la scène s’anime, et le premier groupe de la journée fait son apparition, sous les cris des ados. Il s’agit de la jeune révélation All Time Low, qui a l’honneur de porter le drapeau des nouvelles vibrations pop-punk rock américain (4ème place dans le classement Billboard). Quatre beaux mecs, ce qui fait que beaucoup de jeunes filles se sont ruées vers les premiers rangs, et leurs visages donnent la même impression que leurs chansons : de la fraîcheur, de la joie et de l'insouciance. « What's up you sexy fuckers ! », crie Alexander William, le chanteur du groupe avant d’entamer la chanson d’ouverture Damned If I Do Ya. Leur dernier album “Nothing Personal” n’a absolument rien de nouveau, mais offre une écoute agréable : idéalement, leur musique devrait être dans la tradition du punk-rock pour ados, sans prétention, une tradition habilement commencée par Bad Religion et par Green Day, et poursuivie par des groupes comme Blink 182 (dont à l'origine «All Time Low» étaient un Tribute Band), Sum 41 et Good Charlotte. Non seulement les arrangements, ou les riffs de guitare, sont riches en accords insistants, rappelant les groupes énumérés ci-dessus, mais aussi les textes abordent les thèmes habituels chers aux jeunes, tous plongés dans un contexte propice à faire la fête dans l’esprit de la décadence punk. Que puis-je dire ? Une demi heure de pop rock à l’état pur, chargée de bonne humeur, d’une énergie décontractée, sans beaucoup d'inspiration, sans prétention, mais agréable pour faire passer le temps, et qui se termine sur la chanson Dear Maria, Count Me In. Des mots souvent repris en chœur par les fans. Peut-être que j’imagine et que j'écris une telle critique seulement parce que « I'm over getting older », comme ils chantent dans leur single Weightless. Est-il encore possible que des groupes n’apparaissent que pour le fun, et obtiennent un succès mondial ? La postérité le dira. Au niveau musical, de la part d’un groupe de « jeunes pour les jeunes », on ne peut pas s’attendre à grand-chose, mais c’est mieux de grandir avec de telles musiques… et puis ensuite d’aller chercher mieux. Et le temps ? Une petite averse de pluie a marqué le set, et m’a obligé d'ouvrir mon sac à dos pour y chercher mon matériel.
16h55 : les premières vagues de festivaliers commencent à arriver en masse et à se regrouper face à la scène. C’est le tour de Kele (dont c’est le premier concert en France), accompagné d’un batteur et d’une jeune femme aux claviers. Il est en tenue estivale : chemise XL pleine de couleurs, pantalons courts et baskets. Son charisme est évident. Plusieurs rumeurs ont couru avant et après la publication de « The Boxer », premier album en solo de Kele Okereke, mieux connu comme leader du Bloc Party : certains critiques ont dit que c’était la fin du groupe de Londres, une nouvelle démentie par la suite, puisqu’il s’agirait seulement d’une mise en sommeil. On verra... Après une première écoute (impossible d’y résister !) de l’opus, je peux dire que la vérité, comme d'habitude, se situe quelque part entre les deux déclarations. Il faut d'abord dire que, après les dernières publications de Bloc Party, il était clair qu'un changement était dans l'air, et que les premiers sons post-punk indie (Le morceau Banquet est bien loin) étaient de plus en plus abandonnés au profit d’une évolution musicale vers un son électro plus lourd. Et il y avait de Kele derrière tout cela, c’était assez clair. Voici donc la pause du groupe, et pas de surprise, une continuation évidente en forme de Side Project : un premier album, mais qui ne marque pas une rupture complète avec le passé, comme il semblait l’annoncer… Kele est maintenant heureux. On le voit tout de suite, dés son morceau d’ouverture Wak Tall, à l’image des synthétiseurs et des caisses qui pulsent, tandis que dans la voix on retrouve les mêmes trames lyriques auquel nous étions habitués à l'époque de Bloc Party. Kele chante avec un sourire, danse, a une présence très physique, et fait semblant de boxer. Il a maintenant un groupe de "nouveaux musiciens" et de nouvelles chansons, sans la pression des médias et sans être contraint par la sangle d'une manche de guitare. Avec On The Other Side, Kele prend la guitare et les rythmiques commencent à offrir un contraste intéressant avec le tempo de la musique, sur laquelle est greffée une mélodie synthétique. Elégance, qui trouve un terrain fertile dans la belle Everything You Wanted, dominée par un son de piano. Et la voix ? Si on ferme les yeux, c’est celle de Bloc Party, avec les mêmes intonations. Le reste consiste en des sons synthétiques, dans un mélange de sonorités « world », sur des nouvelles chansons qui se dansent facilement sur seulement quelques riffs de quatre notes. Le point le plus bas du concert, parce qu’on n’en sentait pas le besoin, est un megamix de reprises de Bloc Party (Blue Light, The Prayer et One More Chance attachés ensemble), qui ne fait que faire naître une tristesse indescriptible chez les vrais fans de ce groupe. Kele est maintenant beaucoup plus à l'aise avec des chansons comme Tenderoni, son single, il se montre plus convaincu et convaincant… même si le morceau semble être un remix du style « Intimacy ». Sa basse lourde fait basculer les fans dans une frénésie hors norme. Le set de 30 minutes se termine avec Flux, mis en œuvre dans son intégralité. C’est le signe d'un artiste pas pleinement convaincu de son œuvre solo, qui choisit de boucler son set avec une autre reprise de Bloc Party, plutôt que par une chanson de « The Boxer ». Un concert en deux moitiés, mais il est beaucoup trop tôt pour regarder en arrière... un bon show, mais qui aurait pu être meilleur.
18h26 : si nous partons du concept que le temps ne peut pas être arrêté, mais que parfois oublier le présent pour faire une plongée dans le passé est rafraîchissant, les réformations de groupes prennent une signification plus honnête. Cela dit, je comprends pourquoi dix ans après sa séparation (album « Post Orgasmic Chill ») Skunk Anansie est de retour : c’est pour l’argent et pour les feux des projecteurs… car je ne crois pas aux motifs artistiques ! La publicité d'un « Greatest Hits » (avec trois inédits), vite préparé et vite publié, donne un ordre idée de la setlist du concert. Skunk Anansie est là pour donner au public exactement ce qu’il attend et espère : ce soir le public est prêt à faire un plongeon dans le passé… Le concert commence par une intro spectaculaire, sur les notes d’une Yes, It’s Fucking Political, en version Drum’n'Bass. Deborah Dyer, alias Skin, la panthère noire, la chanteuse au crâne rasé, arrive sur scène habillée de noir, avec une tunique aux ailes argentées couvrant ses bras, et en baskets blanches... Et sur les premières notes de musique, elle commence à s’agiter et pousser ses cris. Après cette brève introduction, la chanteuse découvre un look élégant avec un costume noir et légèrement transparent, et le groupe ouvre avec Selling Jesus, extrait de leur premier album « Paranoid & Sunburnt » (on commence par le commencement) : l’impact physique est désarmant et on se rend compte qu’ils sont en grande forme. Skin est impeccable et attire tous les yeux du public. Je ne veux pas savoir comment elle fait pour cacher ses 43 ans en courant et sautant partout avec une telle énergie pendant toute la durée du morceau. Voir Skunk Anansie aujourd'hui, ou se replonger comme moi dans ses souvenirs du 9 Octobre 1995 à l’Olympia, c’est exactement la même chose. Cass, le bassiste et autre personnage du groupe, qui a 50 ans, n’a pas perdu un seul de ses dreadlocks. Abandonnée la tunique, arrive le premier grand succès Charlie Big Potato, qui remet les choses à leur place dans une exécution impeccable. Le riff de Ace, qui porte toujours son chapeau, est puissant… et créé surement pour tester le public... Public qui réagit en criant... Oui, c’est de la nostalgie, ce sont les souvenirs d’un temps révolu… mais quand on réussit encore à faire sauter des milliers de personnes, cela signifie que la formule fonctionne toujours.
Les morceaux s'enchaînent, l’inédit Because Of You, avec un pied de micro qui voltige dangereusement, Charity, 100 Ways To Be A Good Girl, pour le plaisir de tous, avec la même puissance qu’en 1995… tous es morceaux font que le public s’émotionne. La voix puissante de Skin, capable de basculer rapidement de sonorités lentes et sensuelles vers certains aigus précis et inaccessibles, se mélange avec l’émeute électrique provoquée par Cass à la basse, par Ace à la guitare, et par l’étonnante énergie rythmique de Mark à la batterie. Le public est en plein délire, et chaque « nouveau » morceau est salué par des applaudissements, des acclamations et des cris. Les musiciens suivent la chanteuse, car c’est elle la vedette : tous donnent leur maximum comme s’ils étaient en train de rattraper toutes ces années et ces concerts perdus. Skin est incontrôlable, elle ne laisse pas un centimètre carré de la scène inexploré, elle tourne, avance, saute, court de droite à gauche. Elle se rend plus séduisante et effrontée, pour annoncer I Can Dream, et avec un regard diabolique affirmer cruellement « The next song is all about fucking ! ». C’est une bête affamée et féroce, mais elle sait aussi émouvoir avec les très attendues Hedonism et Secretly. Vient le moment de Weak, et c’est l'apothéose : Skin fait son plongeon dans la foule, elle marche sur le public pendant qu’elle chante, elle tombe et entame un Crownd Surfing... mais elle continue de chanter en position horizontale, pendant que les fans, se la passant de mains en mains, la poussent vers la scène. Mark, le batteur, enlève son t-shirt et frappe plus fort ses caisses, tandis que Cass et Ace ne manquent pas une note. Tout est parfait, on passe par Twisted, Cheap Honesty, entre les sauts de Skin et les cris du public. Ace poursuit ses enfilades des notes et ses riffs, courbé sur sa guitare, et Skin, les yeux toujours irrésistiblement grands et son corps à fuselage étroit moulé dans son habit tient tous les festivaliers présents dans son poing fermé. On My Hotel TV, la nouvelle Tear The Place, pour finir avec The Skank Heads de l’album « Post Orgasmic Chill »... Restent les derniers moments à ne pas manquer, lorsque Skin termine son spectacle furibond par un saut entre la batterie et les amplis, et renouvelle la promesse d’un prochain show...
Et puis ils s'en vont, après nous avoir donnés 49 minutes de bonheur nostalgique, et nous avoir prouvé que leur marque de fabrique n’a pas jauni avec le temps. Pas le temps pour un rappel, car dès qu’un groupe termine son show minuté, on doit évacuer rapidement le tout et permettre à l’artiste suivant de se préparer. Skunk Anansie a montré toute sa charge explosive de bête de scène, ne laissant rien en suspens, même si les anciens fans peuvent avoir ressenti l’absence de certains morceaux. Difficile de faire mieux... des riffs de guitare torride, des refrains faciles qu’on prend en plein visage, et des courses effrénés à travers les mélodies. Puis il y a Skin : provocante, audacieuse, écrasante, chauve... sa peau noire et sa beauté… Restera ce souvenir qui s’imprime dans ma mémoire : une panthère noire qui saute à travers la scène, et marche sur une foule qui la soulève dans l’air. Peu importe si ce retour à été déclenché suite à une étude de marché, la recette de ce heavy metal plein de rage féministe est délicieuse : des milliers de gens affamés sont prêts à en manger à bras ouverts. Un concert magnifique... et on n’a même pas senti la pluie qui tranquillement tombait.
20h00 : Who gave a shit ? Les fans de Hip-hop West Coast en rêvaient : Cypress Hill sur la grande scène. Un des groupes de hip hop les plus en vue des deux dernières décennies, un précurseur du Crossover, aussi haut à l’affiche de la journée ! L'attente pour ce concert acquis d’avance, on pouvait la sentir dans l'air. Le vent se lève, des nuages noirs se rapprochent et laminent nos espoirs de beau temps : un rideau de pluie fine tombe sur nos têtes. La foule, derrière moi, est vraiment impressionnante, entre les aficionados du groupe qui sont impatients et les autres (tous âges et tatouages confondus) qui incrustent pour les headliners. On commence à manquer de place pour bouger, et il faut s’accrocher à la barrière. Qui d’autre mieux que ce groupe peut prétendre à un statut à part dans le Hip-hop? Anomalous, telle est leur vraie catégorie. Ils appartiennent à la première génération des groupes hip-hop des années 90s, pour être précis ceux qui viennent du ghetto, ils sont blancs (trois sur quatre) du quartier « chaud » de South Gate dans le South Central de Los Angeles. Ils sont hispano-américains, affichent vingt ans de carrière et huit albums solides pleins de titres essentiels. Musicalement, ils ont été de toutes les expériences de fusion entre rock, reggae, latino, et... ils sont très appréciés par un public hétérogène, musicalement exigeant et ouvert d'esprit, comprenant de plus en plus de rockers. La bruine légère commence se faire sentir, et je vais remettre rapidement mon k-way rouge et mon chapeau noir. Est-ce bien encore l’été ?
La scène commence à s’animer et le public hurle... l’Américain DJ Julio G (et non pas Muggs), derrière ses platines, à gauche et le Portoricain-Américain Eric Bobo (ancien de The Beastie Boys, pour l’anecdote) à la batterie et aux percussions, à droite, plantent le décor. La légende californienne débarque de nouveau à Paris, la machine fait chauffer ses moteurs et la musique commence... le show débute sans projecteurs car il fait encore jour. Le nonchalant rappeur mexicain B-Real, casquette et jeans, bouc avec moustache, arrive micro à la main : « Who wants the wrath, it must be the hood, who's up to no good, and wishes a man would, come up and give him a reason to blast on... »… avec le remuant Get ’em up, extrait du dernier album « Rise Up ». Il bouge, il danse et invite tout le monde à le suivre en chantant : « Shoot 'em up, just shoot 'em up y'all, yeah » pendant qu’arrive le cubain Sen Dog pour le seconder. Dommage qu’il manque un guitariste, mais le reste y est : des échantillons Funky (filtrés par DJ Muggs), deux MC's avec deux voix très différentes (celle nasillarde de B-Real et celle plus normale de Sen Dog) et la grosse frappe de Eric (aujourd’hui, c’est son anniversaire). Avec un drumming varié et bien cadencé, avec les lignes de basse qui l’accompagnent, le groupe crée un contraste réussi avec la voix stridente de la grand B – Real : Get 'Em Up, c’est une de ces chanson qu’on vit en dansant et en criant son refrain « Shoot 'em up, just shoot 'em up ». Il semble que ce message soit passé, car le public semble pris au jeu... toutes les mains sont en l’air. On poursuit la montée en puissance avec Hand on the Pump, du premier album, puis When The Shit Goes Down et How I Could Just Kill a Man, surgies d’un « Black Sunday » aujourd'hui incontournable. On est ravis. Un joli déhanchement chaloupé à souhait pendant que les deux rappers débitent leurs mots à toute vitesse. Une prestation bien musclée, et un éclectisme dans des tonalités plus rock et assez dures. Le refrain est passé à « Jump ! Jump ! Jump ! » et l'inclusion d'échantillons de sons électroniques acides, sortant d’instruments invisibles, donnent une touche d'originalité et de personnalité à la musique. B-Real, à l'arrière-plan, frappe sur les percussions, pendant un court moment du show, pendant Sen Dog crache dans son territoire privilègié les vers latinos de Latin Thugs et de Armada Latina, le dernier single en faveur d’une Cuba libre et démocratique. La phrase « Cuba libre ! » est scandée et répétée. Bien sûr, l’ovation sera grande. Suit le tube de 1993, Insane in the Brain, l’un de leurs plus grands succès (que j’adore) qui met le feu et marque le premier grand moment du show, avec la foule qui crie les paroles.
Ensuite arrive le moment classique de provocation et de plaisir, devant une foule en délire qui reprend les refrains par cœur tout en sautant et dansant... B-Real, avec un sourire malicieux et un regard moqueur, s'allume un gros joint de marijuana, avant de poursuivre sur I want to get high, Hits from the Bong, Dr Greenthumb et le récent K.U.S.H, un morceau saisissant, à la grande joie du public. Le show est parfaitement maîtrisé et avance à grande vitesse. Une petite pause, bien méritée, de nos MC’s qui ne sont pas tout jeunes, et pendant que la place est vide, Julio G et Eric Bobo se lancent dans une courte démonstration de scratch et de freestyle aux percussions : de la folie pure ! Pas le temps de faire nous aussi une pause, car B-Real revient, déchaîné « I used to carry a glock, On the waist line, Man I don't waste time... », l’une des mes chansons préférées du dernier album, l’accrocheur It ain't nothing. Un petit break de batterie bien lourd, une distorsion de platine parfaitement orchestrée qui frôle l’obsession. Simple, oui, mais génial... Très rapidement, l’envie de headbanger prend le dessus, et tout le monde crie le refrain « Git it, You gotta get your straps up. Git it, You gotta get your stash up... ». L’ébullition continue, en apothéose, avec Lick a shot et un intense Stoned Is The Way of the Walk, datant toujours de 1991.
La nuit tombe sur le parc et la fraîcheur arrive en même temps, accompagnée de vent, mais la déferlante de tubes continue. Rise up, sorti des platines sans les grands coups de guitare dévastatrice de Tom Morello, harcèle le public en lui donnant de bons coups de fouet, bien chauffé par nos MCs. La foule est en pleine effervescence, et B-Real a la nette intention de l’achever avec un terrible Rock Superstar, encore un tube. La folie envahit le parc, mais malgré la chorale « So you wanna be a rock superstar? » le moment s’approche d’une fin imposée par les impératifs de la production, une fin qui sera une explosion de plaisir. 1h11, et en prime un gros joint et un slam de Sen Dog. Peu de morceaux rock et beaucoup des tubes manquant à l’appel, mais si quelqu'un me dit de lever les mains en l'air une fois de plus, je vais le faire. Je le pense vraiment. J’avais déjà vu Cypress Hill au Zénith le 8 mai 2002 et le 19 juin 2003 au POPB de Paris (en première partie de Eminem) mais j’avais été dans l’impossibilité d’assister à leur show de la Cigale il y a quelque mois, le 9 juin, à cause d’un autre concert le même soir (Mark Knopfler). Ce soir c’était géant, malgré une longue absence... de vraies bêtes de scène. Un Jump Jump Jump et des pogos sous quelques gouttes de pluie enfumée ! On s’en souviendra, car sur nos vestes il y a encore l’odeur de ce parfum Hip-hop de la West Coast.
22h00 : What's My Age Again? Blink 182 blast back! C'est l'heure de ressortir ses t-shirts et ses casquettes. Sept ans ont passé depuis que le trio de San Diego, avec son pop-punk, a sorti son cinquième album - sans titre (ou, comme certains disent, éponyme) - et un peu moins de cinq depuis le concert au POPB de Paris le 10 décembre 2004. Il y a eu une séparation (pour divergences musicales) en plein succès (20 millions d’albums vendus) et la création de trois nouveaux groupes (Angels and Airwaves, Transplants et +44) qui n’ont pas laissé un grand souvenir, et qui sont loin d’avoir donné des chefs-d’œuvre. Enfin, en 2009, ils se sont reformés. La version officielle est donc « problèmes économiques » ! Sans album, mais avec leur “Best-of “ (en définitive, ce recueil est vraiment nécessaire pour les fans de longue date, qui trouveront excellents les deux inédits et qui ne peuvent pas oublier dans leur collection un album du trio, mais aussi pour ceux qui connaissent seulement les trois ou quatre chansons les plus célèbres), les voilà maintenant qui remplissent les stades et les festivals. Incroyable ! L'affection démontrée par les fans de la bande envers ces Californiens n'a jamais été démentie, même s’il y a eu ce long silence et cette tentative, appréciée, d'améliorer et d'élargir leurs horizons. L'anxiété des ados divisés entre leur passion envers ce groupe et l’amour de Green Day, augmente au fur et à mesure que les minutes passent, mais enfin c’est le grand moment ! Plus de 30.000 personnes sont compressées comme des sardines face à la Grande Scène (marcher pour retrouver des amis ou même avancer : c’est une mission impossible) pour pouvoir voir le groupe et écouter ces chansons de leur jeunesse qui sont encore jouées régulièrement sur les stations de radio. Inutile de dire que l'espace devient réduit. Le public est bon enfant, jeune, et le succès du groupe est garanti d’avance.
Le grand rideau noir qui couvre toute la scène tombe dans un véritable délire collectif, et déjà les gens se préparent à sauter. Un minimum de décor, plein de jeux de lumières (on se croirait en plein jour), et voici le trio mythique qui entre en scène dans l'enthousiasme général. Un jeune, la casquette à l’envers, le dos nu et une multitude de tatouages en évidence, court vers la batterie, placée au centre... les ados crient... c’est Travis (34 ans). Il se met immédiatement à battre, avec ses baguettes, la mesure sur les premières notes de la chanson Dumpweed, l’un des plus gros titres et classiques de tous les temps, repris de l'album « Enema Of The State ». Puis voici Mark (38 ans) armé d’une Fender Jazz Bass blanche portant le dessin d’une pieuvre noire, à gauche qui la fait ronfler. Sans oublier, à droite, Tom (35 ans) et sa Gibson Les Paul noire. Tout le monde y est, pas de musiciens additionnels (un guitariste planqué ?)... Tom démarre avec ces mots : « It's understood, I said it many ways, Too scared to run, I'm too scared to stay, I said I'd leave... » L’énergie et l’enthousiasme transparaissent sur son visage. Il chante bien et son riff de guitare, peu puissant, est tellement simple qu’il en devient magistral. Une jeune fille, à côté de moi, crie : « Tom you are my god! »… Elle aurait tant voulu que lui puisse l’entendre... désespoir, larmes presque ! La musique du groupe a bien évidemment été conservée, ainsi que le sens de l'humour, et pour les ados, ces chansons demeurent aussi nourrissantes que de la barbe à papa. Il était clair dès le début que Blink-182 est en grande forme et heureux de pouvoir jouer devant cette foule immense... Mark saute et ressaute, de haut en bas, court autour de la scène comme un enfant en pleine surdose de chocolat, pendant que Tom chante, fait des grimaces et lance des blagues d’un goût douteux… Mais c’est Travis (après avoir failli être tué dans un accident d'avion) qui a la vedette, en apportent un style unique à son jeu de batterie, un style qui a permis au groupe de se démarquer par rapport à un déluge de groupes similaires, qui ont explosés sur les ondes au début de la décennie. Le spectacle est rapide, décontracté et amusant, dans une ambiance hallucinante, hypnotisée par cette musique punk. Impossible de ne pas bouger, on est pris au jeu, et certains montent sur les épaules des amis et plongent pour se laisser emporter telle une épave jusqu’aux barrières. Un véritable bain de foule qui donne du travail à la sécurité. Le son est très propre, ce qui est la preuve d'une confiance croissante des musiciens dans leur capacité à manipuler les guitares et créer des tapis musicaux plus adaptés… même si j’aurais aimé sentir une guitare plus tranchante ! Mais ne soyons pas trop exigent pour un plein air. Comme d'habitude, le chant alterne entre Tom et Mark pendant tout le show.
Quelques minutes après, le rideau tombe pour la dernière fois... ce retour sur scène est une grande surprise : c'est Travis et son spectaculaire solo à vous faire vibrer les tympans. C’est un grand moment de la soirée : il se lève sur une plate-forme qui ressemble à celle utilisée par Muse au POPB de Paris, mais qui a vraiment quelque chose de plus : le batteur tourne sur lui-même pendant qu'il frappe – heureux - avec ses baguettes et tient le rythme sur la grosse caisse, initialement incliné à 45° et enfin dans un moment très rythmé qui plaît à la foule, continue à jouer même la tête à l'envers dans un vrai 360°. Un solo de batterie qui dure cinq minutes et permet à Travis, sanglé sur son siège, de prouver qu’il est l'un des plus grands et le plus créatifs batteurs du Rock. Il était seul sur scène à nous interpréter un mix de chansons populaires. On reprend le rappel en forme de montée d'adrénaline avec Carousel, et Dammit avec son refrain d’enfer « Well I guess this is growing up » pour terminer sur la courte Family Reunion. Un salut magistral et ils s’en vont, le concert est bien terminé.
Le temps accordé par la direction du Festival a été bien respecté : 1h22. Un set carré, avec un enchaînement de tubes dans un show à l'américaine. Un final grandiose qui a fait imploser la foule, qui connaissait tous les titres. Les jeux de lumière sur scène, en passant par les images en fond, les vidéos et tout ce qui fait la chorégraphie, ne suffisent pas pour faire un concert mémorable, mais avec la musique tout peut changer : un bon concert à la Blink, qui s’est détaché réellement des autres précédents.
Une chose est sûre : on n’était pas à ce concert pour la musique, car Mark et Tom ne sont pas de grands musiciens. Comme tout amoureux de cet art vous le dira, ce sont les souvenirs qui nous auront fait vibrer, en écoutant les chansons. On pouvait penser que le trio aurait peut-être perdu sa capacité à jouer la comédie (dans le style du film « American Pie ») sur ses propres performances, et d’agiter la foule. Au contraire, ils ont atteint ce but sans pour autant devenir adultes. Contre tout et contre tous, avec l'air de rebelles qui doivent s'opposer au système sans trop offenser quiconque, Blink 182 a réussi son retour (60 dates dans le monde) de manière aisée (un principe déjà testé avec succès par Green Day avant eux) : porter le punk aux oreilles du grand public, malgré leur âge, et en démontrant au monde qu’on ne vit pas seulement de Hip-hop. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter un retour des trois le plus tôt possible, avec un bon album sous le bras… Et comme Mark le recommande « Essayez de ne pas vous déshabiller, du moins pas en public ! ». « What's My Age Again? » Et la question reste d'actualité… Une chose est claire, ils sont de retour et ils ne nous déçoivent pas, car ils n’ont pas grandi ! C’est du fun et les ados aiment ça !
Je sors du festival fatigué d’être resté debout toute la journée, avec la musique dans les oreilles (un dernier morceau électronique de Underword, qui termine sur la Scène de la Cascade), dans une queue infinie qui progresse doucement vers la sortie du parc. La nuit montre désormais dans sa splendeur. Je pense, en marchant, à celui qui a réussit à construire cette programmation 2010 avec autant de noms, et donc à faire vivre à autant de personnes une soirée à l’enseigne de la bonne musique et de l'authenticité qui devrait toujours caractériser le rock... Oui, celui-là ne mérite que des compliments. Rock en Seine 2010, et ce n’est que le premier jour ! Demain, il y a la suite... et Gilles B. exulte déjà… mais l’été pourri continue. Il faudra prier pour la météo de demain.
Say it ain't so, I will not go,
turn the lights off, carry me home
Na, na... »
All Time Low est un groupe pop-punk américain de Lutherville-Timonium dans le Maryland, formé en 2003. Appelé à l'origine NeverReck, les membres décideront de changer pour All Time Low suite aux paroles d'une chanson de New Found Glory (Head on Collision).
(http://www.myspace.com/alltimelow)
Kele Okereke (nom complet Kelechukwu Rowland Okereke), est le chanteur et guitariste du groupe de rock anglais Bloc Party. Sa voix charismatique et son extraordinaire aptitude à rendre les mots pleins de punch lui confèrent un statut hyper-polyvalent. Son premier effort solo, se différencie des productions de Bloc Party par un son beaucoup plus électro.
(http://www.myspace.com/iamkele)
Skunk Anansie est un groupe de Rock britannique, formé en 1994 dont le membre le plus remarquable est la chanteuse au crâne rasé, Deborah Dyer (alias Skin). Le nom du groupe vient d'un mot africain "anansie", qui signifie araignée ou homme-araignée et fait référence à un personnage mythique de certains contes africains (déformé en "Aunt Nancy" outre Atlantique). Le mot "skunk" signifie mouffette mais peut faire référence également à un pain de cannabis. Ils se sont reformés en 2009.
(http://www.myspace.com/skunkanansiemusic)
Cypress Hill est un groupe de Hip-Hop américain formé en 1988, qui a vendu plus de 15 millions d'albums dans le monde. Les membres de Cypress Hill proviennent du sud de la ville de Los Angeles en Californie, la commune suburbaine de South Gate pauvre et majoritairement peuplée de migrants mexicains.
(http://www.myspace.com/cypresshill)
Blink-182 (prononcé « Blink One Eighty Two ») est un groupe de punk rock américain formé en 1992, à Poway, en Californie. Tom DeLonge (voix et guitare) quitta le groupe au début de 2005, entraînant sa séparation. Il forma alors Angels and Airwaves, pendant que Hoppus et Barker formèrent +44. Blink-182 s'est à nouveau réuni en 2009. L'enregistrement de l'album est prévu à l'automne.
(http://www.myspace.com/blink182)
19 juillet 2005 - The Party Scene.
25 septembre 2007 - So Wrong.
7 juillet 2009 - Nothing Personal.
25 septembre 2007 - So Wrong.
7 juillet 2009 - Nothing Personal.
• Paranoid And Sunburnt (1995)
• Stoosh (1996)
• Post Orgasmic Chill (1999)
• Smashes And Trashes (Compilation) (2009)
• Wonderlustre (2010)
• Stoosh (1996)
• Post Orgasmic Chill (1999)
• Smashes And Trashes (Compilation) (2009)
• Wonderlustre (2010)
• 1991 Cypress Hill
• 1993 Black Sunday
• 1995 III - Temples Of Boom
• 1998 IV
• 2000 Skull & Bones
• 2001 Stoned Raiders
• 2004 Till Death Do Us Part
• 2010 Rise Up
• 1993 Black Sunday
• 1995 III - Temples Of Boom
• 1998 IV
• 2000 Skull & Bones
• 2001 Stoned Raiders
• 2004 Till Death Do Us Part
• 2010 Rise Up
• Flyswatter (démo, 1992)
• Buddha (démo, 1993)
• Cheshire Cat (1994)
• Dude Ranch (1997)
• Enema of the State (1999)
• The Mark, Tom, and Travis Show (The Enema Strikes Back!) (live, 2000)
• Take Off Your Pants And Jacket (2001)
• Blink-182 (2003)
• Greatest Hits (compilation, 2005)
• Buddha (démo, 1993)
• Cheshire Cat (1994)
• Dude Ranch (1997)
• Enema of the State (1999)
• The Mark, Tom, and Travis Show (The Enema Strikes Back!) (live, 2000)
• Take Off Your Pants And Jacket (2001)
• Blink-182 (2003)
• Greatest Hits (compilation, 2005)
• Alexander William Gaskarth - chanteur, guitare
• Jack Bassam Barakat - guitare, back-vocals
• Robert Rian Dawson - batterie
• Zachary Steven Merrick - basse, back-vocals
• Jack Bassam Barakat - guitare, back-vocals
• Robert Rian Dawson - batterie
• Zachary Steven Merrick - basse, back-vocals
Kele Okereke: Vocal, Guitar, Vocoder
+ BAND
Deborah Dyer 'Skin' (vocals)
Richard Lewis 'Cass' (bass guitar)
Martin Kent 'Ace' (guitar)
Mark Richardson (drums)
Richard Lewis 'Cass' (bass guitar)
Martin Kent 'Ace' (guitar)
Mark Richardson (drums)
B-Real (Louis Freese) (Vocal)
Sen Dog (Senen Reyes) (Vocal)
DJ Julio G
Eric Bobo (depuis 1994) (Drums)
Sen Dog (Senen Reyes) (Vocal)
DJ Julio G
Eric Bobo (depuis 1994) (Drums)
• Tom DeLonge : guitare et chant (1992-2005, 2009-présent)
• Mark Hoppus : basse et chant (1992-2005, 2009-présent)
• Travis Barker : batterie (1998-2005, 2009-présent)
• Mark Hoppus : basse et chant (1992-2005, 2009-présent)
• Travis Barker : batterie (1998-2005, 2009-présent)
La Setlist du Concert
ALL TIME LOW
1. Damned If I Do Ya (Damned If I Don't) (Nothing Personal - 2009)
2. Coffee Shop Soundtrack (Put Up Or Shut Up - 2006)
3. Stella (Nothing Personal - 2009)
4. Six Feet Under The Stars (So Wrong, It’s Right - 2007)
5. Lost in Stereo (Nothing Personal - 2009)
6. Poppin' Champagne (So Wrong, It’s Right - 2007)
7. Weightless (Nothing Personal - 2009)
8. Dear Maria, Count Me In (So Wrong, It’s Right - 2007)
2. Coffee Shop Soundtrack (Put Up Or Shut Up - 2006)
3. Stella (Nothing Personal - 2009)
4. Six Feet Under The Stars (So Wrong, It’s Right - 2007)
5. Lost in Stereo (Nothing Personal - 2009)
6. Poppin' Champagne (So Wrong, It’s Right - 2007)
7. Weightless (Nothing Personal - 2009)
8. Dear Maria, Count Me In (So Wrong, It’s Right - 2007)
La Setlist du Concert
KELE
1. Walk Tall (The Boxer - 2010)
2. On The Lam (The Boxer - 2010)
3. On The Other Side (The Boxer - 2010)
4. Everything You Wanted (The Boxer - 2010)
5. Blue Light / The Prayer / One More Chance (Bloc Party Cover)
6. Tenderoni (The Boxer - 2010)
7. Rise (The Boxer - 2010)
8. Flux (Bloc Party Cover)
1. Walk Tall (The Boxer - 2010)
2. On The Lam (The Boxer - 2010)
3. On The Other Side (The Boxer - 2010)
4. Everything You Wanted (The Boxer - 2010)
5. Blue Light / The Prayer / One More Chance (Bloc Party Cover)
6. Tenderoni (The Boxer - 2010)
7. Rise (The Boxer - 2010)
8. Flux (Bloc Party Cover)
La Setlist du Concert
SKUNK ANANSIE
1. Intro (Yes, It's Fucking Political) (Stoosh - 1996)
2. Selling Jesus (Paranoid & Sunburnt - 1995)
3. Charlie Big Potato (Post Orgasmic Chill - 1999)
4. Because Of You (Smashed And Trashed - 2009)
5. Charity (Paranoid & Sunburnt - 1995)
6. Hedonism (Stoosh - 1996)
7. I Can Dream (Paranoid & Sunburnt - 1995)
8. My Ugly Boy (Wonderlustre - 2010)
9. Weak (Skin was held by the crowd) (Paranoid & Sunburnt - 1995)
10. Secretely (Paranoid & Sunburnt - 1995)
11. Twisted (Stoosh - 1996)
12. Cheap Honesty (Post Orgasmic Chill - 1999)
13. On My Hotel TV (Post Orgasmic Chill - 1999)
14. Tear The Place Up (Smashed And Trashed - 2009)
15. The Skank Heads (Post Orgasmic Chill - 1999)
2. Selling Jesus (Paranoid & Sunburnt - 1995)
3. Charlie Big Potato (Post Orgasmic Chill - 1999)
4. Because Of You (Smashed And Trashed - 2009)
5. Charity (Paranoid & Sunburnt - 1995)
6. Hedonism (Stoosh - 1996)
7. I Can Dream (Paranoid & Sunburnt - 1995)
8. My Ugly Boy (Wonderlustre - 2010)
9. Weak (Skin was held by the crowd) (Paranoid & Sunburnt - 1995)
10. Secretely (Paranoid & Sunburnt - 1995)
11. Twisted (Stoosh - 1996)
12. Cheap Honesty (Post Orgasmic Chill - 1999)
13. On My Hotel TV (Post Orgasmic Chill - 1999)
14. Tear The Place Up (Smashed And Trashed - 2009)
15. The Skank Heads (Post Orgasmic Chill - 1999)
La Setlist du Concert
CYPRESS HILL
1. Get 'Em Up (Rise Up - 2010)
2. Hand on the Pump (Cypress Hill - 1991)
3. When The Shit Goes Down (Black Sunday - 1993)
4. How I Could Just Kill a Man (Black Sunday - 1993)
5. Real Estate (Cypress Hill - 1991)
6. Latin Thugs (Till Death Do Us Part - 2004)
7. Armada Latina (Rise Up- 2010)
8. Insane in the Brain (Black Sunday - 1993)
9. I want to get high (Black Sunday - 1993) >
> Stoned Is The Way of the Walk (Cypress Hill - 1991) >
> Hits from the Bong (Black Sunday - 1993)
10. Dr. Greenthumb (IV - 1998)
11. KUSH (Rise Up - 2010)
12. Julio G. DJ Jam Session & Eric Bobo Drum Jam Session G DJ solo
13. It ain't nothing (Rise Up - 2010)
14. Lick a shot (Black Sunday - 1993)
15. Stoned Is The Way of the Walk (Cypress Hill - 1991)
16. Rise up (Rise Up - 2010)
17. Rock - Superstar (Skull & Bones - 2000)
2. Hand on the Pump (Cypress Hill - 1991)
3. When The Shit Goes Down (Black Sunday - 1993)
4. How I Could Just Kill a Man (Black Sunday - 1993)
5. Real Estate (Cypress Hill - 1991)
6. Latin Thugs (Till Death Do Us Part - 2004)
7. Armada Latina (Rise Up- 2010)
8. Insane in the Brain (Black Sunday - 1993)
9. I want to get high (Black Sunday - 1993) >
> Stoned Is The Way of the Walk (Cypress Hill - 1991) >
> Hits from the Bong (Black Sunday - 1993)
10. Dr. Greenthumb (IV - 1998)
11. KUSH (Rise Up - 2010)
12. Julio G. DJ Jam Session & Eric Bobo Drum Jam Session G DJ solo
13. It ain't nothing (Rise Up - 2010)
14. Lick a shot (Black Sunday - 1993)
15. Stoned Is The Way of the Walk (Cypress Hill - 1991)
16. Rise up (Rise Up - 2010)
17. Rock - Superstar (Skull & Bones - 2000)
La Setlist du Concert
BLINK 182
1. Dumpweed (Enema Of The State - 1999)
2. Feeling This (Blink 182 - 2003)
3. The Rock Show (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
4. What's My Age Again? (Enema Of The State - 1999)
5. Violence (Blink 182 - 2003)
6. I Miss You (Blink 182 - 2003)
7. Stay Together For The Kids (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
8. Down (Blink 182 - 2003)
9. Always (Blink 182 - 2003)
10. Stockholm Syndrome (Blink 182 - 2003)
11. First Date (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
12. Man Overboard (Greatest Hits - 2005)
13. Don't Leave Me (Enema Of The State - 1999)
14. Not Now (Greatest Hits - 2005)
15. All The Small Things (Enema Of The State - 1999
16. Reckless Abandon (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
17. Josie (Dude Ranch - 1997)
18. Anthem Part Two (Blink 182 - 2003)
Encore
19. Travis Barker on the Drums
20. Carousel
21. Dammit (Dude Ranch - 1997)
22. Family Reunion (The Mark Tom and Travis Show -2000)
2. Feeling This (Blink 182 - 2003)
3. The Rock Show (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
4. What's My Age Again? (Enema Of The State - 1999)
5. Violence (Blink 182 - 2003)
6. I Miss You (Blink 182 - 2003)
7. Stay Together For The Kids (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
8. Down (Blink 182 - 2003)
9. Always (Blink 182 - 2003)
10. Stockholm Syndrome (Blink 182 - 2003)
11. First Date (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
12. Man Overboard (Greatest Hits - 2005)
13. Don't Leave Me (Enema Of The State - 1999)
14. Not Now (Greatest Hits - 2005)
15. All The Small Things (Enema Of The State - 1999
16. Reckless Abandon (Take Off Your Pants And Jacket - 2001)
17. Josie (Dude Ranch - 1997)
18. Anthem Part Two (Blink 182 - 2003)
Encore
19. Travis Barker on the Drums
20. Carousel
21. Dammit (Dude Ranch - 1997)
22. Family Reunion (The Mark Tom and Travis Show -2000)
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