« Mauvaise surprise pour moi en arrivant à peu près à l'heure (20 heures) devant le Ramdall, la 4ème salle madrilène prévue dans mon jeu de l'oie des concerts : Wire est reprogrammé à la Joy Eslava ! Je file à ma voiture, me retape des bouchons, mais arrive en courant une demi-heure plus tard exactement (30 minutes pour faire 3 kms !) devant la belle salle baroque que j'aime déjà, pour y découvrir que les portes ne sont pas ouvertes, et qu'il y a deux (2 !) personnes qui font la queue ! Ah ! Madrid !
Voir Wire, groupe séminal et fondateur du post-punk voici plus de 30 ans, mais aussi groupe que j'ai peu écouté, est surtout une idée un peu désespérée que j'ai eue quand j'ai découvert l'annulation du passage de Twisted Wheel prévu pour le 10 octobre ! Si mes souvenirs sont bons, je n'ai vu Wire qu'une fois sur scène, à l'occasion de leur (première ?) reformation en 1987 et n'en garde pas un souvenir impérissable, loin de là. J'ai bien essayé de me procurer le dernier album, datant de l'année dernière, "Object 47" (bonnes critiques) mais même Amazon m'a laissé tomber ! Pas bon signe, ça ! Quand au changement de salle, je ne sais pas si cela signifie un afflux de locations inespérées, mais j'en doute encore un peu, vu que je reste complètement seul dans la salle pendant un bon moment... Décidément, j'ai tout de l'alien ici, je n'ai pas encore saisi que les concerts de rock, à Madrid, c'est coooooooool !Je me suis placé à droite cette fois, devant les deux amplis des guitares, une position a priori plus stratégique pour atteindre les objectifs de jouissance, que devant le bassiste ! Mais alors que, une heure plus tard, à 21 h 30 pile, Wire monte sur scène (Wire ne plaisante pas avec les règles, visiblement...), c'est la deuxième mauvaise surprise de la soirée pour moi : la batterie de mon Lumix a rendu l'âme, impossible de le faire démarrer, je vais devoir me contenter de quelques clichés pris avec mon téléphone portable ! La honte ! Ceci dit, rapidement je m'en moque un peu, parce qui se passe "soniquement" sur scène m'accapare totalement. Imaginez quatre bons anglais ordinaires - petite bedaine, bonne tonsure et lunettes de vue pour les hommes, formes confortables de ménagère pour elle -, sauf qu'ils sont tout en noir, et assènent une musique redoutablement intransigeante : une suite ininterrompue de mitraillages, de cris d'exhortation, d'accélérations dignes des Ramones - mais des Ramones congelés -, et de plongées noires dans des gouffres sombres. Wire n'est plus un groupe minimaliste, mais ils appliquent désormais leur traitement austère à tout un panorama de musiques extrêmes ou simplement dures : tantôt errant du côté de la mécanique emballée du Wedding Present des 90's, tantôt réussissant là où les Pixies de "Trompe le Monde" avaient échoué, créer une sorte de métal léger, hystérique mais élégant, et au final, nous proposant leur propre version, sèche et rêche du punk hardcore dont ils auront été les principaux inspirateurs, bouclant ainsi la boucle. Au bout d'une petite dizaine de minutes, le temps de s'échauffer sur les premiers morceaux, la musique de Wire s'est déployée dans toute sa puissance : le mieux est de s'abandonner au plaisir de ces rafales de riffs sur-accélérés, puis de ses longues et belles dérives sonores, pendant lesquelles on a l'impression de poursuivre un voyage en chemin de fer toutes vitres ouvertes, avec ces deux guitares qui tricotent des fils d'acier tendu (wire ?) et grincent et tonnent. Oui, je me fais la réflexion que, par rapport à mes souvenirs, Wire a bel et bien abandonné ce minimalisme crispé et agressif qui était sa marque de fabrique pour devenir un groupe de rock plus "normal" (enfin, je suis sûr que la plupart des gens ne trouveraient pas cette musique "normale", mais vous m'avez compris !), ou en tout cas plus tourné vers le plaisir que vers la souffrance.
Devant moi, je me régale littéralement devant le spectacle offert par Margaret Fielder McGinnis à la guitare (elle n'est pas officiellement membre de Wire, elle remplace Bruce Gilbert sur scène à la seconde guitare) : elle me fait penser à Hugo Santiago à la grande époque des Pixies, tirant de sa Fender hululante des sons redoutables, balançant des solos d'une note avec un doigt qui vous vrillent le cerveau, un vrai bonheur. Au centre de la scène, Colin Newman est semblable à mes souvenirs, absolument anti-charismatique, d'une sobriété scénique frôlant l'arrogance, avant de se laisser au fil du concert à quelques pogos, pas de danse et postures réjouissantes : il a une drôle de guitare vert pomme qu'il cisaille sans merci, et sa voix, qui n'a jamais été extraordinaire, n'a quasiment pas changé. Et puis, au final, notre ami Colin se révèlera plein d’humour, comme lorsqu’une fan des premières heures du groupe lui criera à plusieurs reprises : « I am the Fly » (… pour réclamer la chanson ainsi intitulée…), et qu’il répondra, pince-sans-rire (ah ! cet humour anglais !) : « C’est intéressant, et je comprends que c’est un problème, mais nous ne pouvons rien faire pour vous ! »… A droite de Colin, Graham Lewis à la basse et au chant de hooligan, représente l'Angleterre prolétaire dans toute sa brutalité : son chant ressemble plus à des éructations de supporter ivre, et il ne manque pas une occasion pour provoquer - gentiment quand même - les spectateurs (le foot est un sujet occasionnel, certes, mais inévitable !) ; quant au son de sa basse, on le qualifiera de "tellurique", histoire de sacrifier aux clichés, bien utiles en l'occurrence. Au fond, le musicien que j'ai trouvé le plus impressionnant techniquement, Robert Gotobed (hi hi !) à la frappe mécanique, sèche et rapide : sur certains morceaux, le claquement terrible qu'il tirait de sa caisse claire (enfin je crois, je ne suis pas un spécialiste) devenait absolument obsédant... Pas besoin de boîte à rythme chez Wire pour simuler la froideur électronique. Je vous préciserai encore que le son était superbe, clair et tranchant, mais qu'il aurait évidemment supporté d'être plus fort (quasiment pas d'acouphènes en sortant, qu'est-ce que c'est que ça ?).
Plus le concert avance, plus la mécanique Wire est impressionnante et belle, si l'on excepte quelques morceaux - sans doute récents - plus mélodiques (mais la mélodie ne leur va pas !) ou plus lyriques (et le lyrisme est à mon avis une hérésie chez un groupe dont le talent est de créer des machines froides). Curieusement, c'est sur un morceau quasi garage, I Don't Understand, formidablement excitant (d'ailleurs, c'est à ce moment-là que la salle, bien remplie mais assez sage jusque là, bascule dans l'enthousiasme, presque à la limite de l'hystérie si je regarde le visage de certains - et je suis sûr que le mien traduit le même genre de bouleversements), que se clôt le set, après une heure seulement ! J'ai peur un instant qu'ils ne reviennent pas, fidèle à leur image "incorruptible", mais non, nous aurons droit à deux longs rappels, quinze minutes au total, qui, après une introduction planante et psychédélique ("C'est le moment où on lit de la poésie", plaisante Colin), seront une succession de brûlots éructés la bave aux lèvres, et qui nous laisseront heureux... mais pas épuisés ! De la musique comme ça, j'en prendrai bien une double dose, quant à moi !
Je me demande un moment, en faisant la queue pour acheter un DVD live au stand de merchandising, pourquoi je n'ai pas suivi plus fidèlement la carrière d'un groupe aussi clairement extraordinaire (on fait tous des erreurs), et surtout pourquoi la jeune génération, qui vénère pourtant aujourd'hui la période magique des années punks, ne semble pas avoir retrouvé le même niveau d'intransigeance, que je qualifierais presque d'éthique, de leurs aînés. C'est sur cette question profonde que je vous laisserai cette fois, mes amis ! »
Voir Wire, groupe séminal et fondateur du post-punk voici plus de 30 ans, mais aussi groupe que j'ai peu écouté, est surtout une idée un peu désespérée que j'ai eue quand j'ai découvert l'annulation du passage de Twisted Wheel prévu pour le 10 octobre ! Si mes souvenirs sont bons, je n'ai vu Wire qu'une fois sur scène, à l'occasion de leur (première ?) reformation en 1987 et n'en garde pas un souvenir impérissable, loin de là. J'ai bien essayé de me procurer le dernier album, datant de l'année dernière, "Object 47" (bonnes critiques) mais même Amazon m'a laissé tomber ! Pas bon signe, ça ! Quand au changement de salle, je ne sais pas si cela signifie un afflux de locations inespérées, mais j'en doute encore un peu, vu que je reste complètement seul dans la salle pendant un bon moment... Décidément, j'ai tout de l'alien ici, je n'ai pas encore saisi que les concerts de rock, à Madrid, c'est coooooooool !Je me suis placé à droite cette fois, devant les deux amplis des guitares, une position a priori plus stratégique pour atteindre les objectifs de jouissance, que devant le bassiste ! Mais alors que, une heure plus tard, à 21 h 30 pile, Wire monte sur scène (Wire ne plaisante pas avec les règles, visiblement...), c'est la deuxième mauvaise surprise de la soirée pour moi : la batterie de mon Lumix a rendu l'âme, impossible de le faire démarrer, je vais devoir me contenter de quelques clichés pris avec mon téléphone portable ! La honte ! Ceci dit, rapidement je m'en moque un peu, parce qui se passe "soniquement" sur scène m'accapare totalement. Imaginez quatre bons anglais ordinaires - petite bedaine, bonne tonsure et lunettes de vue pour les hommes, formes confortables de ménagère pour elle -, sauf qu'ils sont tout en noir, et assènent une musique redoutablement intransigeante : une suite ininterrompue de mitraillages, de cris d'exhortation, d'accélérations dignes des Ramones - mais des Ramones congelés -, et de plongées noires dans des gouffres sombres. Wire n'est plus un groupe minimaliste, mais ils appliquent désormais leur traitement austère à tout un panorama de musiques extrêmes ou simplement dures : tantôt errant du côté de la mécanique emballée du Wedding Present des 90's, tantôt réussissant là où les Pixies de "Trompe le Monde" avaient échoué, créer une sorte de métal léger, hystérique mais élégant, et au final, nous proposant leur propre version, sèche et rêche du punk hardcore dont ils auront été les principaux inspirateurs, bouclant ainsi la boucle. Au bout d'une petite dizaine de minutes, le temps de s'échauffer sur les premiers morceaux, la musique de Wire s'est déployée dans toute sa puissance : le mieux est de s'abandonner au plaisir de ces rafales de riffs sur-accélérés, puis de ses longues et belles dérives sonores, pendant lesquelles on a l'impression de poursuivre un voyage en chemin de fer toutes vitres ouvertes, avec ces deux guitares qui tricotent des fils d'acier tendu (wire ?) et grincent et tonnent. Oui, je me fais la réflexion que, par rapport à mes souvenirs, Wire a bel et bien abandonné ce minimalisme crispé et agressif qui était sa marque de fabrique pour devenir un groupe de rock plus "normal" (enfin, je suis sûr que la plupart des gens ne trouveraient pas cette musique "normale", mais vous m'avez compris !), ou en tout cas plus tourné vers le plaisir que vers la souffrance.
Devant moi, je me régale littéralement devant le spectacle offert par Margaret Fielder McGinnis à la guitare (elle n'est pas officiellement membre de Wire, elle remplace Bruce Gilbert sur scène à la seconde guitare) : elle me fait penser à Hugo Santiago à la grande époque des Pixies, tirant de sa Fender hululante des sons redoutables, balançant des solos d'une note avec un doigt qui vous vrillent le cerveau, un vrai bonheur. Au centre de la scène, Colin Newman est semblable à mes souvenirs, absolument anti-charismatique, d'une sobriété scénique frôlant l'arrogance, avant de se laisser au fil du concert à quelques pogos, pas de danse et postures réjouissantes : il a une drôle de guitare vert pomme qu'il cisaille sans merci, et sa voix, qui n'a jamais été extraordinaire, n'a quasiment pas changé. Et puis, au final, notre ami Colin se révèlera plein d’humour, comme lorsqu’une fan des premières heures du groupe lui criera à plusieurs reprises : « I am the Fly » (… pour réclamer la chanson ainsi intitulée…), et qu’il répondra, pince-sans-rire (ah ! cet humour anglais !) : « C’est intéressant, et je comprends que c’est un problème, mais nous ne pouvons rien faire pour vous ! »… A droite de Colin, Graham Lewis à la basse et au chant de hooligan, représente l'Angleterre prolétaire dans toute sa brutalité : son chant ressemble plus à des éructations de supporter ivre, et il ne manque pas une occasion pour provoquer - gentiment quand même - les spectateurs (le foot est un sujet occasionnel, certes, mais inévitable !) ; quant au son de sa basse, on le qualifiera de "tellurique", histoire de sacrifier aux clichés, bien utiles en l'occurrence. Au fond, le musicien que j'ai trouvé le plus impressionnant techniquement, Robert Gotobed (hi hi !) à la frappe mécanique, sèche et rapide : sur certains morceaux, le claquement terrible qu'il tirait de sa caisse claire (enfin je crois, je ne suis pas un spécialiste) devenait absolument obsédant... Pas besoin de boîte à rythme chez Wire pour simuler la froideur électronique. Je vous préciserai encore que le son était superbe, clair et tranchant, mais qu'il aurait évidemment supporté d'être plus fort (quasiment pas d'acouphènes en sortant, qu'est-ce que c'est que ça ?).
Plus le concert avance, plus la mécanique Wire est impressionnante et belle, si l'on excepte quelques morceaux - sans doute récents - plus mélodiques (mais la mélodie ne leur va pas !) ou plus lyriques (et le lyrisme est à mon avis une hérésie chez un groupe dont le talent est de créer des machines froides). Curieusement, c'est sur un morceau quasi garage, I Don't Understand, formidablement excitant (d'ailleurs, c'est à ce moment-là que la salle, bien remplie mais assez sage jusque là, bascule dans l'enthousiasme, presque à la limite de l'hystérie si je regarde le visage de certains - et je suis sûr que le mien traduit le même genre de bouleversements), que se clôt le set, après une heure seulement ! J'ai peur un instant qu'ils ne reviennent pas, fidèle à leur image "incorruptible", mais non, nous aurons droit à deux longs rappels, quinze minutes au total, qui, après une introduction planante et psychédélique ("C'est le moment où on lit de la poésie", plaisante Colin), seront une succession de brûlots éructés la bave aux lèvres, et qui nous laisseront heureux... mais pas épuisés ! De la musique comme ça, j'en prendrai bien une double dose, quant à moi !
Je me demande un moment, en faisant la queue pour acheter un DVD live au stand de merchandising, pourquoi je n'ai pas suivi plus fidèlement la carrière d'un groupe aussi clairement extraordinaire (on fait tous des erreurs), et surtout pourquoi la jeune génération, qui vénère pourtant aujourd'hui la période magique des années punks, ne semble pas avoir retrouvé le même niveau d'intransigeance, que je qualifierais presque d'éthique, de leurs aînés. C'est sur cette question profonde que je vous laisserai cette fois, mes amis ! »
Wire est un groupe de rock britannique formé en 1976. Sa musique peut être rattachée à divers courants, notamment punk rock, post-punk et art rock, avec parfois un penchant marqué pour l'expérimentation musicale. Wire est souvent considéré comme un élément décisif du courant post-punk, en particulier en raison de leur son richement travaillé et atmosphérique, de leurs thèmes lyriques assez obscurs et, à un moindre degré, de leur position politique situationniste. Le groupe continue à fonctionner de manière intermittente.
(http://www.myspace.com/wirehq)
Pink Flag (1977)
Chairs Missing (1978)
154 (1979)
The Ideal Copy (87)
A Bell Is a Cup...Until It Is Struck (1988)
Manscape (1990)
The Drill (1991)
The First Letter (1991)
Send (2003)
Object 47 (2008)
Colin Newman (guitare, voix)
Graham Lewis (guitare basse, voix)
Robert Gotobed (percussions)
+
Margaret Fiedler McGinnis (guitare)
Graham Lewis (guitare basse, voix)
Robert Gotobed (percussions)
+
Margaret Fiedler McGinnis (guitare)
Our Time (EP - 2007)
Mr Marx's Table (Send - 2003)
Comet (Send - 2003)
Being Sucked In Again (Chairs Missing - 1978)
Perspex Icon (Object 47 - 2008)
Mekon Headman (Object 47 - 2008)
The Agfers of Kodak (Send - 2003)
Silk Skin Paws (Single - 1988)
All Fours (Object 47 - 2008)
One of Us (Object 47 - 2008)
Boiling Boy (A Bell is a Cup… - 1988)
The 15th (154 - 1979)
Catherine
106 Beats That (Pink Flag - 1977)
I don't Understand (Metro, Chicago, 14th September 2002 - 2003)
Encore 1
He Knows
Patient Flees (Object 47 - 2008
Encore 2
Lowdown (Pink Flag - 1977)
Underwater Experiences (Document and Eyewitness - 1981)
Mr Marx's Table (Send - 2003)
Comet (Send - 2003)
Being Sucked In Again (Chairs Missing - 1978)
Perspex Icon (Object 47 - 2008)
Mekon Headman (Object 47 - 2008)
The Agfers of Kodak (Send - 2003)
Silk Skin Paws (Single - 1988)
All Fours (Object 47 - 2008)
One of Us (Object 47 - 2008)
Boiling Boy (A Bell is a Cup… - 1988)
The 15th (154 - 1979)
Catherine
106 Beats That (Pink Flag - 1977)
I don't Understand (Metro, Chicago, 14th September 2002 - 2003)
Encore 1
He Knows
Patient Flees (Object 47 - 2008
Encore 2
Lowdown (Pink Flag - 1977)
Underwater Experiences (Document and Eyewitness - 1981)
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