Première Partie :
« Je suis toujours étonné quand les gens acclament la dernière nouveauté à ne pas manquer, et décrètent comme à la mode une musique qui, jusqu'à la veille, était reléguée dans le placard de l’oubli. Il est normal que Fleet Foxes catalyse une si grande attention, accrochés qu’ils sont entre la nostalgie de la West Coast des années 60, le son résolument californien de David Crosby & Cie, et de Brian Wilson, avec en plus un mélange de Grateful Dead et de quelque chose qui sonne comme The Jayhawks ou comme Simon and Garfunkel : avec leurs chemises de flanelle, souvenir du grunge, et accompagnés par l’esprit des forêts et des montagnes, pas si loin de Woodstock. La colère éternelle de tous les amoureux de la vraie musique est de ne pas avoir vécu en direct les fabuleuses années 60. On ne parle pas ici seulement de style… mais aussi de ce premier album de Fleet Foxes, au titre éponyme, un album tout simplement charmant, l’un des meilleurs que j’ai entendus au cours de cette année 2008 pas forcément mémorable. Après tant d’années à écouter des musiques très différentes, il est vraiment rare que mes oreilles puissent éprouver un si grand enthousiasme pour un disque d’un groupe actuel. Non pas que les disques actuels soient tous à brûler, mais plutôt parce qu’il n’y a pas grande chose de nouveau sur le plan musical, et qu’il m’arrive rarement de sauter de mon fauteuil dans un tel état d’effervescence, comme celle d’un enfant en face du Père Noël. Fleet Foxes !!! C’est un grand disque ! Un disque qu’on peut écouter allongé sur le gazon avec les mains croisées derrière la tête et... qui permet de rêver en paix au sein de cette fable folk moderne, tout en découvrent ces images évoquées d’une voix si douce. C’est une musique pour les oreilles les plus délicates, habituées à être caressées et bercées par une telle douceur mélodique. Dans ce disque, loin du grunge, on ne trouve pas de guitares avec des riffs qui s’envolent, ni de nuages de synthétiseurs en folie, ni d’excès de décibel, ni même de nouveautés en matière de sons électroniques, mais une pop-folk d'artisan, simple et compliquée en même temps, innervée d’une légère touche baroque. Alors, cartes sur table, je vous dis la vérité : Fleet Foxes, c’est le concert que j’attends le plus.
… Et ce moment tant attendu est enfin arrivé ! Ce soir, dans le froid et la pluie, mais avec une excitation indescriptible, et le désir d'enfants qui vont à la foire, nous entrons, moi en chemises rayée avec ma barbe de plusieurs jours, et Gilles B. avec ses cheveux longs, dans la salle du Grand Rex de Paris… Direction immédiate : le stand du marchandising, puis vers nos places numérotées à l’orchestre. Il n’y a pas beaucoup de monde pour l’instant, mais on sait que les gens vont arriver tranquillement : oui, une soirée tranquille dans de confortables fauteuils en cuir pour être bercés par la musique de Fleet Foxes.
20h02 : la salle est encore à moitié vide lorsque le changement de lumières intervient, et voilà la première partie, qui partage la même maison de disque (Sub Pop) que la tête d’affiche. C’est un sextet américain originaire de l’Oregon qui s’appelle Blitzen Trapper (avec unecalligraphie proche de celle de Van Halen), un groupe bien inséré dans la vague du renouveau folk avec son dernier album “Furr” (qui est leur quatrième), acclamé par la critique du journal Rolling Stone, ce qui lui a permis rentrer dans le Top Ten de tous les magazines musicaux comme l’un des meilleurs albums de 2008. Le groupe s’installe et commence avec un air qui rappelle Dylan, Sleepy Time In The Western World, extrait de leur dernier album. Les influences de Neil Young et des Beatles sont évidentes derrière l’inspiration Dylan et country-folk-rock de The Band. Eric Early, le chanteur et leader, manque de charisme, malgré une bonne voix, forte, puissante, et légèrement éraillée. Le son est finalement assez proche de celui du Fleet Foxes, mais la comparaison s'arrête là. On peut se poser la question avec cette chanson : sont-ils indie rock ou folk ou progressive ? Un peu de trois. Blitzen Trapper semble avoir quelque chose pour tout le monde, pour tous les gouts. Le public regarde, écoute, respectueux, mais reste assez insensible, malgré la magnifique Black River Killer, leur actuel single sur le meurtre de cow-boys… est mon actuel coup de cœur (je vous conseille de la réécouter à la maison)). Et pourtant il faut le reconnaître, ils jouent bien, c’est parfait et agréable. La dernière chanson de leur set (qui aura duré 40 minutes), Furr, est un hit efficace qui conte l’histoire de loups-garous mélodiques, avec guitare sèche et harmonica, et elle semble enfin emporter l’adhésion de la salle, avec l’aide de Robin Pecknold, le chanteur de Fleet Foxes, qui est venu donner à ses copains (avec un tambourin…) un coup de pouce pour les chœurs. Un groupe méconnu, qui est passé dans l’ombre, mais qui mérite beaucoup mieux... faites confiance à Rolling Stone magazine.
21h35 : la salle est enfin bien remplie quand les lumières s'éteignent, sous un déluge d’applaudissements. Fleet Foxes, le quintette de Seattle qui a revu et corrigé le rock, est sur scène, sans décors : on aurait dit qu'ils étaient tous les roadies à l’ombre des lumières tamisées. Quelques minutes de réglage de leurs instruments, et hochant la tête, ils sont prêts. Enfin une éclaircie de lumière sur la scène. Ils ont l’air poussiéreux, mais arborent des visages sympathiques et ont une bonne présence scénique, exactement comme on les attendait, avec leurs cheveux hirsutes et leurs barbes bibliques ; le chanteur Robin Pecknold ressemble même à un patriarche de l'Ancien Testament, malgré son bonnet en laine rouge sur la tête, et en dépit de ses 23 ans. Les applaudissements ont éclaté, puis le public admire en silence, on aurait pu entendre une mouche voler. Robin a pris un moment pour regarder autour de lui, assez pour lire l'admiration et l'émerveillement des yeux du public qui attend... La première chanson est prévisible, ils la jouent souvent en ouverture, et le rock folk-baroque de Seattle envoie immédiatement la chair de poule : c’est Sun Giant, extrait de leur premier EP. Chaque murmure de cette chanson-spectacle est un événement. Le morceau, chanté presque a cappella, concentre immédiatement l’attention sur les fortes harmonies vocales à quatre voix qui constituent le style du groupe, dépouillé de tout autre instrument, harmonies qui trouvent sur scène un véritable lieu d'épanouissement. Personne ne fait des harmonies vocales comme cela en ce moment. On oublie Seattle et on part pour la Californie. Ah, le souvenir d’une jeunesse avec les Beach Boys et l'épanouissement de Woodstock avec Crosby, Stills, Nash & Young, dans cette douceur aérienne ! Je constate qu’il y a seulement un musicien qui ne chante pas, c’est Skyler Skjelset, le guitariste, et il a même l'air un peu gêné. Sun It Rises est enchaîné, puis suit Drops In The River... cette salle est faite pour eux, avec son acoustique parfaite. Le public ne s'est pas encore déchaîné, aspiré qu’il est dans une époque lointaine, mais il écoute attentivement et paraît en pleine communion : c’est nettement palpable, mais à la première interruption, le public souligne son enthousiasme avec des applaudissements assourdissants. Juste après, on commence à parcourir rapidement les pistes de cet album homonyme, éblouissant, avec les chansons White Winter Hymnal et Ragged Wood, un bouquet d’harmonies qui réchauffe l'atmosphère, et nous entraîne dans des paysages bucoliques propices à la rêverie et sur de légères pistes de neiges parcourues par des trappeurs… même si dehors, ce soir à Paris, il y a seulement un peu de brouillard ! On sent la magie s'emparer du public, qui écoute les yeux fermés, et le concert monte en intensité. Il est intéressant de voir combien une foule plus habituée à la musique rock écoute ce groupe avec silence et sans aucun mouvement (sauf en ce qui concerne un jeune, assis à côté d’Oliver et de sa femme, qui choisit bizarrement de « headbanguer » tout au long du set !). Robin, sur scène, est un maladroit attachant avec ses fréquents, et énervants « Thank you so much »… Une tasse d’eau (ou de thé ou de scotch) et c’est un autre « Thank you » : les temps morts entre les chansons sont utilisés pour boire beaucoup.
La musique de Fleet Foxes vient des racines, elle est le résultat d'une archéologie curieuse et rigoureuse qui donne sève et profondeur aux chansons, comme par exemple la belle Your Protector, qui sera ce soir l’un des points culminants d’un ensemble qui est pourtant presque parfait. Le plaisir de la soirée est dans cette poignée de chansons que tout le monde aime déjà, et que le public salue avec enthousiasme et quelques cris, tandis que les cinq renards de Seattle ont répété avec diligence et sans bavure leurs pas appris en studio. Robin, sans être un exaltant leader de foule, révèle un charisme simple et solide, sans fioritures, qui lui sert à dominer une scène lorsqu'il est seul, dans cette intimité avec sa guitare acoustique, et même sans amplification... Voici une version solitaire de Tiger Mountain Peasant Song, que j'attendais patiemment Elle est rapidement devenue ma chanson préférée, avec ses mots lancinants en refrain « Dear shadow alive and well, How can the body die, You tell me everything, Anything true ». Le moment est agrémenté d’une suite de deux nouvelles chansons, dont Blue Spotted Tail. L'énergie rythmique, l'éclectisme sans limites, une alternance des voix dans le chant, une certaine intelligence dans la construction méthodique de ces chansons, et un sens mélodique inné permettent à Robin d’écrire des morceaux impeccables. La salle arrête presque de respirer pour éviter tout bruit qui puisse nuire au charme du moment. C’est beau, il n’y a rien à ajouter, si ce n’est que nous avons des frissons sous la peau, pendant que le talentueux Robin essuie la sueur de ses longs cheveux nattés avec une serviette. Comme je regarde le spectacle, je ne peux pas m'empêcher de penser à sa facilité à créer des harmonies vocales. Et les applaudissements arrivent... et le groupe est de retour. Avec Mykonos, dans une version alternative, qui marque la première pause : le temps de descendre des nuages et de revenir à la réalité…
Arrive le rappel attendu, et Robin revient seul, il s’installe à l'avant de la scène, proche des moniteurs et éloigné du microphone, privé de tout amplification, la guitare accrochée à hauteur de la poitrine, pour effectuer une reprise profondément intime de la chanson folk américaine traditionnelle Katy Cruel. Dans le silence feutré, chaque mot, chaque note de sa guitare, le rythme de son pied, résonnent dans la salle, comme saignée par cette putain de voix passionnée, puissante, émouvante et si touchante, dans une tristesse sans pareille. La beauté absolue de la chanson et le jeu de la guitare acoustique créent une atmosphère unique, propice aux applaudissements. Il ne fait aucun doute que Fleet Foxes est l’œuvre et l’instrument de Robin, cet excellent chanteur qui montre une si désarmante modestie. Encore une chanson en acoustique et en solo, avant que la soirée ne se termine avec son groupe, et aussi tout Blitzen Trapper qui les rejoint sur la scène pour un final en forme de fête entre amis avec Blue Ridge Mountains. Avec une percussion supplémentaire, la chanson s'avère être un final à un grand spectacle. Fleet Foxes quitte la scène en souriant et en nous saluant avec enthousiasme - comme s'ils devaient nous remercier - sous les applaudissements, laissant derrière un agréable souvenir d’une consécration : avoir déclenché ce sentiment d'émerveillement à chaque chanson, qui a été acclamée comme si elle était un vieux classique que nous avions chanté depuis l'enfance. Robin a remercié longtemps et a crié : « This has been our best show ever! » Je ne vais certainement pas être d’un avis contraire.
C’était un très bon concert, 1h25 de bonheur, avec un son qui vous frappe au visage, au point que presque tout le monde (en tout cas moi et Gilles B.) dans la salle en redemandait. Fleet Foxes, avec ces harmonies stylées, tout simplement sensationnelles, constituent un vrai antidote à la vie moderne. Peace and Love, et une grosse, grosse claque. Vous seriez fous de les rater, la prochaine fois, tant ce spectacle est étonnant.
I was following the pack
all swallowed in their coats
with scarves of red tied 'round their throats
to keep their little heads...»
… Et ce moment tant attendu est enfin arrivé ! Ce soir, dans le froid et la pluie, mais avec une excitation indescriptible, et le désir d'enfants qui vont à la foire, nous entrons, moi en chemises rayée avec ma barbe de plusieurs jours, et Gilles B. avec ses cheveux longs, dans la salle du Grand Rex de Paris… Direction immédiate : le stand du marchandising, puis vers nos places numérotées à l’orchestre. Il n’y a pas beaucoup de monde pour l’instant, mais on sait que les gens vont arriver tranquillement : oui, une soirée tranquille dans de confortables fauteuils en cuir pour être bercés par la musique de Fleet Foxes.
20h02 : la salle est encore à moitié vide lorsque le changement de lumières intervient, et voilà la première partie, qui partage la même maison de disque (Sub Pop) que la tête d’affiche. C’est un sextet américain originaire de l’Oregon qui s’appelle Blitzen Trapper (avec unecalligraphie proche de celle de Van Halen), un groupe bien inséré dans la vague du renouveau folk avec son dernier album “Furr” (qui est leur quatrième), acclamé par la critique du journal Rolling Stone, ce qui lui a permis rentrer dans le Top Ten de tous les magazines musicaux comme l’un des meilleurs albums de 2008. Le groupe s’installe et commence avec un air qui rappelle Dylan, Sleepy Time In The Western World, extrait de leur dernier album. Les influences de Neil Young et des Beatles sont évidentes derrière l’inspiration Dylan et country-folk-rock de The Band. Eric Early, le chanteur et leader, manque de charisme, malgré une bonne voix, forte, puissante, et légèrement éraillée. Le son est finalement assez proche de celui du Fleet Foxes, mais la comparaison s'arrête là. On peut se poser la question avec cette chanson : sont-ils indie rock ou folk ou progressive ? Un peu de trois. Blitzen Trapper semble avoir quelque chose pour tout le monde, pour tous les gouts. Le public regarde, écoute, respectueux, mais reste assez insensible, malgré la magnifique Black River Killer, leur actuel single sur le meurtre de cow-boys… est mon actuel coup de cœur (je vous conseille de la réécouter à la maison)). Et pourtant il faut le reconnaître, ils jouent bien, c’est parfait et agréable. La dernière chanson de leur set (qui aura duré 40 minutes), Furr, est un hit efficace qui conte l’histoire de loups-garous mélodiques, avec guitare sèche et harmonica, et elle semble enfin emporter l’adhésion de la salle, avec l’aide de Robin Pecknold, le chanteur de Fleet Foxes, qui est venu donner à ses copains (avec un tambourin…) un coup de pouce pour les chœurs. Un groupe méconnu, qui est passé dans l’ombre, mais qui mérite beaucoup mieux... faites confiance à Rolling Stone magazine.
21h35 : la salle est enfin bien remplie quand les lumières s'éteignent, sous un déluge d’applaudissements. Fleet Foxes, le quintette de Seattle qui a revu et corrigé le rock, est sur scène, sans décors : on aurait dit qu'ils étaient tous les roadies à l’ombre des lumières tamisées. Quelques minutes de réglage de leurs instruments, et hochant la tête, ils sont prêts. Enfin une éclaircie de lumière sur la scène. Ils ont l’air poussiéreux, mais arborent des visages sympathiques et ont une bonne présence scénique, exactement comme on les attendait, avec leurs cheveux hirsutes et leurs barbes bibliques ; le chanteur Robin Pecknold ressemble même à un patriarche de l'Ancien Testament, malgré son bonnet en laine rouge sur la tête, et en dépit de ses 23 ans. Les applaudissements ont éclaté, puis le public admire en silence, on aurait pu entendre une mouche voler. Robin a pris un moment pour regarder autour de lui, assez pour lire l'admiration et l'émerveillement des yeux du public qui attend... La première chanson est prévisible, ils la jouent souvent en ouverture, et le rock folk-baroque de Seattle envoie immédiatement la chair de poule : c’est Sun Giant, extrait de leur premier EP. Chaque murmure de cette chanson-spectacle est un événement. Le morceau, chanté presque a cappella, concentre immédiatement l’attention sur les fortes harmonies vocales à quatre voix qui constituent le style du groupe, dépouillé de tout autre instrument, harmonies qui trouvent sur scène un véritable lieu d'épanouissement. Personne ne fait des harmonies vocales comme cela en ce moment. On oublie Seattle et on part pour la Californie. Ah, le souvenir d’une jeunesse avec les Beach Boys et l'épanouissement de Woodstock avec Crosby, Stills, Nash & Young, dans cette douceur aérienne ! Je constate qu’il y a seulement un musicien qui ne chante pas, c’est Skyler Skjelset, le guitariste, et il a même l'air un peu gêné. Sun It Rises est enchaîné, puis suit Drops In The River... cette salle est faite pour eux, avec son acoustique parfaite. Le public ne s'est pas encore déchaîné, aspiré qu’il est dans une époque lointaine, mais il écoute attentivement et paraît en pleine communion : c’est nettement palpable, mais à la première interruption, le public souligne son enthousiasme avec des applaudissements assourdissants. Juste après, on commence à parcourir rapidement les pistes de cet album homonyme, éblouissant, avec les chansons White Winter Hymnal et Ragged Wood, un bouquet d’harmonies qui réchauffe l'atmosphère, et nous entraîne dans des paysages bucoliques propices à la rêverie et sur de légères pistes de neiges parcourues par des trappeurs… même si dehors, ce soir à Paris, il y a seulement un peu de brouillard ! On sent la magie s'emparer du public, qui écoute les yeux fermés, et le concert monte en intensité. Il est intéressant de voir combien une foule plus habituée à la musique rock écoute ce groupe avec silence et sans aucun mouvement (sauf en ce qui concerne un jeune, assis à côté d’Oliver et de sa femme, qui choisit bizarrement de « headbanguer » tout au long du set !). Robin, sur scène, est un maladroit attachant avec ses fréquents, et énervants « Thank you so much »… Une tasse d’eau (ou de thé ou de scotch) et c’est un autre « Thank you » : les temps morts entre les chansons sont utilisés pour boire beaucoup.
La musique de Fleet Foxes vient des racines, elle est le résultat d'une archéologie curieuse et rigoureuse qui donne sève et profondeur aux chansons, comme par exemple la belle Your Protector, qui sera ce soir l’un des points culminants d’un ensemble qui est pourtant presque parfait. Le plaisir de la soirée est dans cette poignée de chansons que tout le monde aime déjà, et que le public salue avec enthousiasme et quelques cris, tandis que les cinq renards de Seattle ont répété avec diligence et sans bavure leurs pas appris en studio. Robin, sans être un exaltant leader de foule, révèle un charisme simple et solide, sans fioritures, qui lui sert à dominer une scène lorsqu'il est seul, dans cette intimité avec sa guitare acoustique, et même sans amplification... Voici une version solitaire de Tiger Mountain Peasant Song, que j'attendais patiemment Elle est rapidement devenue ma chanson préférée, avec ses mots lancinants en refrain « Dear shadow alive and well, How can the body die, You tell me everything, Anything true ». Le moment est agrémenté d’une suite de deux nouvelles chansons, dont Blue Spotted Tail. L'énergie rythmique, l'éclectisme sans limites, une alternance des voix dans le chant, une certaine intelligence dans la construction méthodique de ces chansons, et un sens mélodique inné permettent à Robin d’écrire des morceaux impeccables. La salle arrête presque de respirer pour éviter tout bruit qui puisse nuire au charme du moment. C’est beau, il n’y a rien à ajouter, si ce n’est que nous avons des frissons sous la peau, pendant que le talentueux Robin essuie la sueur de ses longs cheveux nattés avec une serviette. Comme je regarde le spectacle, je ne peux pas m'empêcher de penser à sa facilité à créer des harmonies vocales. Et les applaudissements arrivent... et le groupe est de retour. Avec Mykonos, dans une version alternative, qui marque la première pause : le temps de descendre des nuages et de revenir à la réalité…
Arrive le rappel attendu, et Robin revient seul, il s’installe à l'avant de la scène, proche des moniteurs et éloigné du microphone, privé de tout amplification, la guitare accrochée à hauteur de la poitrine, pour effectuer une reprise profondément intime de la chanson folk américaine traditionnelle Katy Cruel. Dans le silence feutré, chaque mot, chaque note de sa guitare, le rythme de son pied, résonnent dans la salle, comme saignée par cette putain de voix passionnée, puissante, émouvante et si touchante, dans une tristesse sans pareille. La beauté absolue de la chanson et le jeu de la guitare acoustique créent une atmosphère unique, propice aux applaudissements. Il ne fait aucun doute que Fleet Foxes est l’œuvre et l’instrument de Robin, cet excellent chanteur qui montre une si désarmante modestie. Encore une chanson en acoustique et en solo, avant que la soirée ne se termine avec son groupe, et aussi tout Blitzen Trapper qui les rejoint sur la scène pour un final en forme de fête entre amis avec Blue Ridge Mountains. Avec une percussion supplémentaire, la chanson s'avère être un final à un grand spectacle. Fleet Foxes quitte la scène en souriant et en nous saluant avec enthousiasme - comme s'ils devaient nous remercier - sous les applaudissements, laissant derrière un agréable souvenir d’une consécration : avoir déclenché ce sentiment d'émerveillement à chaque chanson, qui a été acclamée comme si elle était un vieux classique que nous avions chanté depuis l'enfance. Robin a remercié longtemps et a crié : « This has been our best show ever! » Je ne vais certainement pas être d’un avis contraire.
C’était un très bon concert, 1h25 de bonheur, avec un son qui vous frappe au visage, au point que presque tout le monde (en tout cas moi et Gilles B.) dans la salle en redemandait. Fleet Foxes, avec ces harmonies stylées, tout simplement sensationnelles, constituent un vrai antidote à la vie moderne. Peace and Love, et une grosse, grosse claque. Vous seriez fous de les rater, la prochaine fois, tant ce spectacle est étonnant.
I was following the pack
all swallowed in their coats
with scarves of red tied 'round their throats
to keep their little heads...»
Blitzen Trapper est un groupe de folk de Portland et a été formé en 2000. Ils sont à l'origine de 4 albums dont le plus récent est sorti en 2008.
(http://www.myspace.com/blitzentrapper)
Groupe indépendant de pop-folk baroque, les Fleet Foxes viennent de Seattle. Signé sur Sub Pop et Bella Union, ce groupe de doux rêveurs débute sa carrière discographique en février 2008 avec la sortie de l’EP Sun Giant aux USA. Le groupe surprend par un son qui emprunte des aspects très classiques au rock, au folk et même aux chants médiévaux.
(http://www.myspace.com/fleetfoxes)
2003 Blitzen Trapper
2004 Field Rexx
2007 Wild Mountain Nation
2008 Furr
2009 Black River Killer (EP)
Sun Giant (EP) - 25 février 2008
Fleet Foxes - 3 June 2008
2004 Field Rexx
2007 Wild Mountain Nation
2008 Furr
2009 Black River Killer (EP)
Sun Giant (EP) - 25 février 2008
Fleet Foxes - 3 June 2008
Earley (guitar/vocals)
Erik Menteer (guitar/keyboard)
Brian Adrian Koch (drums/vocals)
Michael VanPelt, (bass)
Drew Laughery (keyboards)
Marty Marquis (guitar, keyboards, vocals)
Erik Menteer (guitar/keyboard)
Brian Adrian Koch (drums/vocals)
Michael VanPelt, (bass)
Drew Laughery (keyboards)
Marty Marquis (guitar, keyboards, vocals)
Robin Pecknold : Vocal & Acoustic Guitar
Skyler Skjelset : Guitar
Casey Wescott : Keyboards
Christian Wargo : Bass
Nicholas Peterson : Drums
Skyler Skjelset : Guitar
Casey Wescott : Keyboards
Christian Wargo : Bass
Nicholas Peterson : Drums
01. Sun Giant (Sun Giant EP - 2008)
02. Sun It Rises (Fleet Foxes - 2008)
03. Drops In The River (Sun Giant EP - 2008)
04. English House (Sun Giant EP - 2008)
05. Bedouin Dress (New Song)
06. White Winter Hymnal (Fleet Foxes - 2008)
07. Ragged Wood (Fleet Foxes - 2008)
08. Your Protector (Fleet Foxes - 2008)
09. Tiger Mountain Peasant Song (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
10. Blue Spotted Tail (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (New Song)
11. Lorelai (Robin Pecknold on acouystic guitar, solo) (New Song)
He Doesn't Know Why (Fleet Foxes - 2008)
Mykonos (Sun Giant EP - 2008)
Encore
14. Katie Cruel (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Cover Karen Dalton)
15. Oliver James (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
16. Blue Ridge Mountains (With Blitzen Trapper) (Fleet Foxes - 2008)
02. Sun It Rises (Fleet Foxes - 2008)
03. Drops In The River (Sun Giant EP - 2008)
04. English House (Sun Giant EP - 2008)
05. Bedouin Dress (New Song)
06. White Winter Hymnal (Fleet Foxes - 2008)
07. Ragged Wood (Fleet Foxes - 2008)
08. Your Protector (Fleet Foxes - 2008)
09. Tiger Mountain Peasant Song (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
10. Blue Spotted Tail (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (New Song)
11. Lorelai (Robin Pecknold on acouystic guitar, solo) (New Song)
He Doesn't Know Why (Fleet Foxes - 2008)
Mykonos (Sun Giant EP - 2008)
Encore
14. Katie Cruel (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Cover Karen Dalton)
15. Oliver James (Robin Pecknold on acoustic guitar, solo) (Fleet Foxes - 2008)
16. Blue Ridge Mountains (With Blitzen Trapper) (Fleet Foxes - 2008)
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